Un gardien d’immeuble et une professeur d’histoire-géo, tous deux d’origine maghrébine et de confession musulmane, confient leurs inquiétudes sur une situation qu’ils jugent “alarmante” dans les banlieues.
M. a 35 ans. Il a grandi en Île-de-France, et a choisi de devenir gardien d’immeuble. « Mais avec mon profil de maghrébin, on ne m’a proposé du boulot que dans le 93, en Seine-Saint-Denis » raconte-t-il. Aujourd’hui, il s’occupe du gardiennage de plusieurs immeubles dans une cité de Sevran. Il raconte un milieu au bord de l’implosion.
« Depuis vendredi dernier, dans la cité, il y a des tags qui rendent hommage à Merah. On lit « Gloire à Mohamed », « Gloire au martyr »… Si ça continue, ça va exploser. Des gamins capables de perdre la tête comme Merah, il y en a d’autres par ici. »
« Merah est « glorifié » parce qu’il a mis la France à genoux. » Cependant, comme le relatait hier Le Parisien, « plusieurs incidents graves », en lien avec l’affaire Mohamed Merah « ont été recensés par la police un peu partout en France depuis sa mort ». L’AFP signale elle qu’une inscription appelant à « venger » Merah a été découverte ce lundi dans une maison d’arrêt en Isère.
« Quand la police pense avoir une longueur d’avance, les jeunes sont déjà loin. On nous parle dans les médias d’Afghanistan et de Pakistan. Cela fait un moment que les jeunes ne vont plus là-bas. » L’homme va même plus loin. Il affirme que « désormais, ça se passe en Tunisie, et dans le sud de l’Algérie ». « Je vois des gamins disparaître de la cité pendant quelques mois. Quand ils reviennent, ils sont ultra-musclés, très déterminés, avec un comportement complètement différent : finis les nanas, le rap, l’alcool ou le shit. Ils se font laver le cerveau par des fondamentalistes qui nous font honte à nous, les musulmans. »
M. parle de parents « dépassés par leurs gamins qui ramènent des centaines d’euros à la maison grâce au trafic », de policiers pas assez présents, et d’un système auto-géré par les caïds et les dealers.
« Quand je fais venir un réparateur pour un ascenseur en panne, il a souvent le droit à une fouille au corps par un dealer, histoire de vérifier qu’il n’aurait pas un micro sur lui… » (…)
France Soir (merci à Bagadou)