La classe politique a été bien. À l’exception près de Marine Le Pen, qui en a beaucoup fait sur l’air de “je vous l’avais bien dit”, et de la candidate de Lutte ouvrière, qui nous a ressorti le bon vieux couplet de “l’union nationale qui fait le jeu du capital et de ses valets”, les candidats ont tous, et tout de suite, trouvé le juste ton pour décréter l’état d’exception démocratique. […] Institutions juives qui, CRIF en tête, ont su trouver, elles aussi, les mots pour dire le chagrin, la pitié, la retenue. Imams endeuillés. Intellectuels arabes fraternels. Associations dont on ne dira jamais assez (je pense à SOS-Racisme) le rôle qu’elles jouent, depuis des années, dans la vigilance antiraciste, mais aussi anti-antisémite, voire anti-les formes nouvelles (en particulier antisionistes) que prend l’antisémitisme – elles furent, aussi, au rendez-vous. […]
On a dit : cet homme était un monstre, une pure aberration, toute ressemblance avec ce que j’appelais, la semaine passée, la parole infâme serait fortuite et non avenue ; c’est vrai ; mais c’est, pour partie, faux ; car le crime étant, comme le suicide selon Durkheim, un “fait social total”, on ne fera pas l’économie d’un repérage prudent mais serré de tout ce qui, sur le Net par exemple, ou dans les parages du Front national, contribue, depuis des années, à créer, dans notre pays, un climat putride – propice, même si c’est dans d’autres langues politiques, à la formulation du pire. On dit : pas d’amalgame ! l’islamisme n’est pas l’islam ! et ce voyou sans cervelle n’était probablement même pas islamiste ! […]
(Merci à Willofly)