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Petite balade dans une grande librairie parisienne. Une table est recouverte d’ouvrages ayant pour thèmes la France, son identité et sa civilisation (en général avec des guillemets), son hétérogénéité et sa diversité supposées… Mais absolument aucune diversité des points de vue. Quelques extraits de la présentation des éditeurs.

Les défenseurs autoproclamés de l’identité nationale ne comprennent pas l’histoire de leur propre pays. Ils sont aveugles à la subtilité et à la vérité du génie national. (Emmanuel Todd, Hervé Le Bras)

Nous sommes tous des sang-mêlés-Manuel d’histoire de la civilisation française de Lucien Febvre et François Crouzet. Ed. Albin Michel

En 1950, le grand historien Lucien Febvre, aidé par un jeune assistant en Sorbonne, François Crouzet, se lance un défi : écrire, en réponse à une sollicitation de l’Unesco, un manuel “modèle” d’histoire de la civilisation française.

Oublié jusqu’à aujourd’hui dans un grenier poussiéreux, ce livre veut prouver qu’il n’y a pas «d’identité» française providentiellement surgie de la nuit des temps, mais que la France s’est progressivement créée grâce à un constant métissage ethnique et culturel qui est le coeur battant de sa civilisation. […] decitres

Identité française de Jacques Andréani. Ed. Odile Jacob

La plupart des discours sur l’«identité française» retentissent d’accents alarmistes. On évoque une crise des valeurs, un risque de déclin. On parle de démographie, d’immigration, de difficultés de coexistence entre les religions. […]Pour lui, «c’est par sa conception non ethnique de la nation, par sa propagation de la foi en l’égalité, par sa pratique de la laïcité, par son œuvre en faveur de l’unité de l’Europe que la France a ouvert des voies vers un monde moins divisé et plus harmonieux. Les Français ne doivent pas l’oublier. Les chemins que la France a ouverts, ce n’est pas à elle de les refermer». Odile Jacob

L’invention de la France, Atlas anthropologique et politique de Emmanuel Todd et Hervé Le Bras. Ed. Gallimard

Une conviction cheville cet atlas : la nation française n’est pas un peuple mais cent, et ils ont décidé de vivre ensemble. Du nord au sud, de l’est à l’ouest de l’Hexagone les mœurs varient aujourd’hui comme en 1850. […]La culture est mouvement, progrès, diffusion, homogénéisation bien sûr, mais de nouvelles différences apparaissent sans cesse – aujourd’hui maghrébines, africaines ou chinoises. Il ne saurait donc y avoir de retour à une homogénéité perdue, parce que cette homogénéité n’a jamais existé. […]L’effondrement du catholicisme puis celui du communisme ont engendré un vide religieux et idéologique qui a fini par couvrir tout l’Hexagone. Cette nouvelle homogénéité par le vide explique l’apparition, parmi bien d’autres choses, dans un pays où les Français classés comme musulmans ne pratiquent pas plus leur religion que ceux d’origine catholique, protestante ou juive, d’une islamophobie laïco-chrétienne, qui prétend que la seule bonne façon de ne pas croire en Dieu est d’origine catholique. Fnac

La France une et multiculturelle. Edgar Morin, Patrick Singaïny. Ed Fayard

Le président Sarkozy l’a consacrée symboliquement en installant à des responsabilités ministérielles des personnes issues de l’immigration nord-africaine et africaine. Mais, dans le même temps, il l’a niée politiquement par la multiplication des discriminations, offenses, rejets à l’égard des populations immigrées. […] Ainsi, la France, notre France, est pleinement elle-même non seulement par sa diversité culturelle historique, mais aussi par les nouvelles richesses culturelles qu’elle a intégrées. Fayard

Il lui reste à inscrire dans sa Constitution, comme l’ont fait le Maroc et le Brésil, sa multiculturalité, car il est évident que l’unité et la diversité française doivent être fondamentalement liées. La diversité sans unité serait dispersion, l’unité sans la diversité serait homogénéisation artificielle et destructrice de richesses. Les témoignages publiés ici permettront au lecteur de mieux comprendre le seuil historique que la France a franchi désormais. Fayard

Notre France de Farouk Mardam-Bey, Edwy Plenel et Elias Sanbar. Ed. Sindbad

L’idée de la longue conversation transcrite dans ce livre est née au moment où le gouvernement français a lancé le faux débat sur l’ «identité nationale». Faux débat parce qu’il partait d’une vision crispée de l’identité se prévalant de la peur qu’inspire à beaucoup de Français le spectacle d’un monde en mouvement où les anciens repères de l’Etat-nation sont bouleversés comme jamais auparavant. […] Pour terminer sur cette question : comment trouver un imaginaire commun de l’ici et de l’ailleurs, du proche et du lointain. La Procure

On a retrouvé l’histoire de France de Jean-Paul Demoule. Ed. Robert laffont

C’est fou le nombre de clichés que nous continuons de véhiculer à propos de l’histoire de France. Ainsi : nos ancêtres sont les Gaulois, d’ailleurs de pittoresques barbares – heureusement que les Romains sont passés par là… Le Moyen Âge n’est qu’une sorte de longue nuit ou il ne se serait pas passé grand-chose… Clovis fut un acteur majeur de l’identité de la France… Les Barbares nous ont envahis… Et tout à l’avenant.
[…] Audacieux, il évoque d’emblée la préhistoire quand les premiers immigrants semblent déjà arrivés d’Afrique sur notre territoire actuel (vers Béziers). […] L’archéologie nous raconte une nouvelle histoire de France – concrète et argumentée – et non sa reconstruction idéologique poussiéreuse, voire dangereuse, remontant au XIXe siècle et à la IIIe République. Robert laffont

Nos ancêtres les gaulois et autres fadaises. François Reynaert (Fayard)

Nous avons tous appris un jour que Clovis était le premier des rois de France. Qui sait qu’en Allemagne, il est considéré comme un roi allemand ? De Saint Louis, on garde l’image d’un grand souverain, rendant la justice sous son chêne. On ignore qu’il imposa aux Juifs de porter l’équivalent de l’étoile jaune. […] Écrivain et chroniqueur au Nouvel Observateur, François Reynaert est aussi passionné d’histoire. Il a étudié au plus près les œuvres des meilleurs spécialistes de chaque période pour rédiger cet ouvrage dont le but est double. Offrir au lecteur une synthèse claire des vingt siècles qui nous précèdent et donner à la France d’aujourd’hui une histoire ouverte et généreuse, débarrassée des clichés nationalistes. Fayard

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