Parce qu’un élu UMP voulait inscrire les interventions d’Audrey Pulvar sur le temps de parole de François Hollande, un élu PS propose de faire de même avec dix journalistes qui seraient, selon lui, proches de Nicolas Sarkozy. La droite serait-elle hégémonique au sein l’audiovisuel ? C’est la question posée par Bruno Roger-Petit, chroniqueur au Plus, qui intervient régulièrement sur I-télé.
(…) Cette campagne 2012 révèle, une fois de plus, combien l’audiovisuel français, image et son confondus, est doté d’un ADN de droite.
Comment pourrait-il en être autrement ? Depuis 1958, les dirigeants de la télévision, hormis la période 1981-86, et France télévisions de 1990 à 1993, ont tous été nommés par la droite au pouvoir, sans parler du secteur privé, où seul compte la loi de l’argent, et qui de lui-même génère des dirigeants en conformité avec cette philosophie.
Manque de pluralisme
Cette longue tradition a engendré des habitus collectifs et individuels, du haut en bas de l’échelle, dont il est difficile de se débarrasser. Par exemple, le patron de RTL, Christopher Baldelli, a débuté sa carrière dans des cabinets ministériels de droite, comment s’étonner qu’il ait consacré Eric Zemmour seul éditorialiste de sa station grand public, sans aucun souci du pluralisme ?
L’échange des lettres envoyées au CSA par les deux conseillers régionaux est la preuve ontologique de ce manque de pluralisme : là où l’élu UMP cite un nom, celui d’Audrey Pulvar, l’élu PS peut en citer dix !
Dix contre un, tel est aujourd’hui le rapport droite/gauche journalistique et éditorial dans l’audiovisuel français.
Peut-on s’en satisfaire ? Citons, en guise de conclusion, cette apostrophe lancée par une directrice de l’information à un journaliste postulant à un emploi, dans les années 60, et qui avait confessé qu’il se sentait proche de Jean Lecanuet : “Comment ? Vous n’êtes pas gaulliste ? Mais comment ferez-vous pour être objectif ?” En 2012, faut-il remplacer “gaulliste” par “sarkozyste” ?