Entretien avec Dominique Thomas, spécialiste de l’islam radical et chercheur à l’Ehess.
(…) En quoi les quatre prédicateurs interdits de séjour ne seraient-ils pas dangereux? Ils sont explicitement antisémites…
Ils ont une vision conservatrice de la société qui peut se révéler difficilement compatible avec les valeurs de la société française.
Quant à l’antisémitisme, il faut bien comprendre que ces prédicateurs s’inscrivent dans un contexte arabe dominé par la problématique du conflit israélo-palestinien. Ils surfent sur cette vague pour mobiliser. Ils se solidarisent, par devoir, avec le combat des populations palestiniennes. Tant que cet abcès ne sera pas crevé, ce risque de débordement sera présent.
Ces mesures d’interdiction du territoire seront-elles efficaces?
Ces mesures sont symboliques. Elles ne changeront rien à la présence des salafistes en France.
Entre 5000 et 10000 personnes appartiennent à ce courant dans notre pays. Ils sont en progression.
À l’ère du numérique, ces téléprédicateurs, connus dans le monde entier, sont accessibles par Internet ou par la télévision par satellite. Ces mesures ne peuvent donc pas contenir leur influence car ils sont très populaires. Abdallah Basfar, par exemple, l’un des six prédicateurs qui était attendu au congrès de l’UOIF, était un habitué de cette rencontre.
Sans le drame de Toulouse, la présence de Basfar n’aurait posé aucun problème. Nous sommes en période électorale. (…)