De Mohammed Achamlane, le créateur de Forsane Alizza interpellé hier, on connaît surtout le goût pour la provocation et la publicité, sa barbe fournie et son keffieh. « Tendez-lui un micro et il va se régaler », confirme l’un des acteurs d’un procès à Limoges (Haute-Vienne) où ce Français, né à Nantes en novembre 1977, avait comparu à l’automne dernier pour « incitation à la haine raciale ». Il lui était reproché la mise en ligne d’une vidéo de l’action menée par plusieurs militants de son groupe dans un McDonald’s de la ville pour dénoncer son « soutien à Israël » mais aussi d’avoir shooté dans un Code pénal, seuls « faits d’armes » connu de Forsane Alizza. Achamlane avait récidivé à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en brûlant, cette fois, un Code pénal.
« C’est un homme assez intelligent pour connaître les limites à ne pas dépasser », précise un proche. Informaticien, administrateur de réseaux, ce père de famille s’est fait connaître en août 2010 dès la création de son « association religieuse », qui s’est surtout développée par l’intermédiaire de son site Internet. Acham- lane, alias Abou Hamza, du nom du chef décédé d’Al-Qaïda en Irak et d’un iman radical installé à Londres, n’a pas tardé à déraper, jusqu’à la dissolution officielle de son mouvement le 1er mars. « Dans ses discours », il traite les policiers ayant interpellé des femmes voilées de « chiens » et prévient que « la violence dont les musulmans font l’objet chaque jour va se transformer en bain de sang si cela continue. […] Si Allah veut, nous serons de véritables moudjahidin », relevait, dans une note datée du début d’année, le ministère de l’Intérieur.
« Mohammed Achamlane a des convictions. Lui et les éléments de son groupe estiment que les musulmans sont persécutés et qu’ils n’arrivent pas à faire valoir leurs droits », ajoute un autre proche, évoquant « un personnage très rigoureux et têtu ». Devant le tribunal correctionnel de Limoges, il avait refusé de se décoiffer et de se lever à l’arrivée des magistrats, avant de quitter l’audience.
Provocateur sûrement. Dangereux et appelant à la violence ? L’intéressé s’en est toujours défendu. « Nous ne cherchons pas le combat armé loin de là, expliquait-il en janvier dans une interview à BFMTV. […] Nous avons pour objectif de faire la promotion du bien et de réprouver le blâmable. […] Quand une société décide de pratiquer des lois de plus en plus discriminantes, […] c’est légitime que les musulmans s’organisent pour se défendre. La légitime défense fait partie de notre religion. C’est inscrit dans votre Code pénal. Pourquoi s’étonner […] ? Si on se fait agresser, on ne tend pas la joue gauche. » Dans une autre interview, il n’excluait plus la lutte armée « si l’islamophobie s’intensifie ».
En quelques mois, lui et les quelques dizaines de militants actifs de Forsane Alizza sont parvenus à trouver un écho certain. (…)