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Le groupe Zebda revient avec l’album «Second Tour». Le compositeur Magyd Cherfi qui a grandi dans la même cité est interrogé par le Nouvel Obs.

S’il chante avec Mouss et Hakim, c’est justement pour tenter de construire des passerelles entre les Français de souche et ceux issus de l’étranger, comme on dit.

«Ce type [Merah] nous a cassé les jambes. Qu’il s’agisse d’enfants juifs, musulmans ou chrétiens, c’est horrible». Choqué, désespéré, lui qui, avec Zebda (dont le nom veut dire «beurre» en arabe), parle au nom des beurs. […]

Le père, maçon, est un rêveur. Il a laissé derrière lui l’Algérie et sa sale guerre qui a tué ses quatre frères engagés au FLN. Chez les Cherfi, on est de gauche. Hantés par l’idée que rien n’est donné, encore moins acquis. «Ma mère était, elle l’est toujours, terrorisée par Le Pen». La fratrie baigne dans cette inquiétude. Sont-ils d’ici ou de là-bas ? L’adolescence délivre Magyd. A 16 ans, il se sent «profondément français». […]

Comme Mouss et Hakim. Les trois ont chacun leur candidat de cœur, de Mélenchon à Poutou, mais comme un seul homme ils voteront «utile» si, dans les sondages, Nicolas Sarkozy devance François Hollande.

«Le candidat-président a creusé le trou entre les Français. Et ça, c’est intolérable.» Ils ne lui ont pas dédié une chanson. «Ce qui me désespère le plus, c’est de devoir encore dire à mes fils, Alyoum et Hakim : ‘Faites attention, avec vos prénoms ! Vous êtes français, mais vous risquez encore d’être discriminés, vous n’avez toujours pas votre place ici.» C’est faute de n’avoir pas chanté plus fort ? Magyd perçoit le reproche dans la voix de sa mère qui l’accueille d’un : «Marine Le Pen est toujours là. Allez, il faut faire les valises !».

Le Nouvel Obs

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