Un mouvement de grève affecte le call center de Free au Maroc, Total Call, depuis le 26 mars. Interview du vice-président du Bureau Syndical de Total Call, affilié à l’Union Marocaine du Travai (UMT), Abderrahmane Seghir.
Pourquoi faites-vous grève ?
– Nous faisons grève depuis le 19 mars parce que nos conditions de travail se dégradent sans cesse. Nous sommes 1.700 salariés à Total Call, et il est très difficile de se faire entendre de la direction, qui ne répond pas à nos revendications. Nous avons bien créé un bureau syndical affilié à l’UMT (Union Marocaine du Travail, syndicat marocain NDLR) mais elle fait comme si nous n’existions pas.
Plusieurs représentants syndicaux sont menacés de licenciements. Nous ne comprenons pas pourquoi la direction fait la sourde oreille. Dans l’immédiat, nous devons faire face à 175 licenciements abusifs. Il s’agit de salariés qui ont dû quitter leur poste ou s’absenter pour des raisons urgentes (maladie ou accident d’un proche, par exemple), et qui n’ont pas pu respecter le délai d’une semaine pour prévenir d’une absence… D’autres ont été accusés de fraude, mais nous attendons encore les preuves !
A tel point que certains ont déjà gagné leur procès en justice. Même pour aller uriner, nous devons demander l’autorisation, laquelle est parfois refusée si le flux d’appels est trop important ! Nous nous battons aussi pour que la direction respecte le principe des jours fériés chômés, qui n’est pas appliqué, notamment le jour de la fête du Trône, et celui de la fête de l’Aïd- deux fêtes religieuses normalement chômées.
En tout, ce sont entre 10 et 20 jours fériés que nous voulons voir reconnus et attribués ! On doit aussi évoquer le stress perpétuel, surtout depuis le lancement de Free Mobile : nous n’avons reçu qu’une formation de deux heures pour cette nouvelle offre, ce qui est notoirement insuffisant -nous avons d’ailleurs obtenu une heure de formation supplémentaire. Ajoutons à cela que Total Call est situé à 12 kilomètres du centre de Casablanca : il n’y a que deux bus de ramassage le matin, à 5h00 et à 6h00, et un pour le retour le soir à 19h00. Nous demandons que des bus soient fournis à d’autres horaires, pour ceux qui commencent à 7h00, 8h00, 9h00, etc. Sans quoi les salariés perdent 3h00 par jour en transport !
Nous voulons également que les repas servis à Total Call soient acceptables : actuellement, il y a eu des cas de produits laitiers dont la date limite de consommation était dépassée, plusieurs cas de viande avariée, et même des intoxications alimentaires -je peux le prouver, j’ai l’identité des victimes. Un sondage a été effectué au sujet des repas afin de demander aux gens s’ils préfèrent améliorer le système actuel, ou recevoir une indemnité repas, ou faire appel à un vrai restaurateur qui cuisinerait les plats à l’intérieur de l’entreprise au lieu de les confectionner à l’extérieur et de les réchauffer sur place : la direction ne nous a même pas communiqué les réponses.
Nous nous mobilisons aussi et surtout pour les salaires, bien sûr.
A combien s’élève le SMIC marocain, quel est le salaire moyen à Total Call ?
– Le SMIC marocain se monte à 2.000 dirhams (200 euros) environ. Le salaire moyen à Total Call est de 4.000 dirhams de fixe et 4.000 dirhams de variable.
Un salaire égal à 4 fois le SMIC, c’est correct, non ?
– Oui et non. Disons qu’on nous traite souvent de privilégiés, mais nos salaires ne font pas partie de la fourchette haute dans les centres d’appel marocains. (…)