Les ambivalences des Français à l’égard de la construction européenne sont aussi anciennes que le traité de Rome. Depuis vingt ans, deux référendums l’ont démontré : celui sur le traité de Maastricht, approuvant de justesse, en 1992, la création de l’euro ; celui sur le Traité constitutionnel, nettement rejeté en 2005. A cette valse-hésitation s’ajoute désormais une sorte de désabusement, voire de scepticisme à l’égard de l’aventure communautaire.
La très grande majorité des personnes interrogées (84 %) considère, en effet, que la France joue un rôle important dans les décisions qui sont prises au niveau européen. Et une claire majorité estime que cette place est justifiée : 58 % jugent que le rôle de la France correspond à celui qu’elle doit avoir, compte tenu de son poids économique et démographique. Mais, derrière ces chiffres globaux, pointe une évidente tiédeur.
En clair, les Français ne croient guère en la capacité de l’Europe à imposer sa spécificité et à jouer un rôle de puissance mondiale.
Faute d’un projet européen mobilisateur, les Français sont donc tentés par le repli hexagonal. Ainsi, pour faire face efficacement aux grands problèmes des années à venir, une nette majorité d’entre eux (56%) se dit favorable au “renforcement des pouvoirs de décision de notre pays, même si cela doit limiter ceux de l’Europe”. A l’inverse, ils ne sont que 38% à préconiser le renforcement des pouvoirs de l’Europe, fût-ce au prix de la limitation des pouvoirs de la France.