Rien ne va plus entre la rédaction de Libération et son directeur, Nicolas Demorand. Environ 120 salariés de la Société civile des personnels de Libération (SCPL), sur 200, ont adopté à une large majorité (un vote contre et cinq abstentions), mardi 3 avril, un texte déplorant “le sentiment d’être dépossédés du journal” et “l’attitude autoritaire et arrogante de la direction”.
Samedi 24 mars, le journal titre “Comment devient-on Mohamed Merah”, avec le visage du tueur de Toulouse en gros plan. Une “une” “digne d’un tabloïd”, jugent beaucoup de journalistes, qui expriment leur désaccord en conférence de rédaction.
“La liste des griefs est longue”, souligne ce communiqué, qui évoque en particulier “des “unes” racoleuses qui tantôt défigurent Libération, tantôt vont à l’encontre des valeurs qui ont toujours été les siennes”, ainsi qu’“un traitement éditorial partisan en matière politique, qui semble inféoder le journal au PS”.
Le malaise se cristallise autour de la garde rapprochée de Nicolas Demorand, accusée d'”autoritarisme”. Est visé en particulier un proche de l’ancien journaliste de France Inter, Sylvain Bourmeau, ancien des Inrockuptibles, nommé directeur adjoint de la rédaction. “Libération s’est toujours construit dans le dialogue”, rappelle un rédacteur. […]