(…) Cependant, l’immigration contemporaine en provenance du Maroc n’a réellement débuté que dans les années 1970. Celle-ci a augmenté de manière significative au cours du boom qu’a connu l’Espagne dans les années 90 sous l’impulsion du secteur de la construction :
entre 1998 et 2009, le taux d’immigration du pays a été multiplié par dix, autour de 500 000 immigrés étant originaires du Maroc.
Les immigrants ont été particulièrement affectés par le ralentissement économique. Les statistiques de la population active de 2009 révélaient un nombre de travailleurs étrangers masculins sans emploi atteignant les 31 % (la moyenne nationale à cette époque était de moins de 15 %).
Simone Castellani, une anthropologue de l’université de Séville qui a étudié la deuxième génération d’immigrants marocains de la Macarena, constate que les hommes marocains doivent faire face à de grandes difficultés depuis le ralentissement de l’activité en 2008.
Le secteur de la construction, qui employait la moitié des immigrants, a connu un déclin considérable. La plupart étaient des hommes, lesquels n’ont pas pu retrouver de travail par la suite. (…)
Au Centro Vecinal Pumarejo, Carlos Serrano estime qu’environ 20 à 30 % des immigrés de Séville ont regagné leurs pays d’origine.
Certains ont accepté le plan de retour volontaire (« plan de retorno voluntario »), une politique introduite par l’ancien gouvernement socialiste en 2008 afin d’encourager les migrants sans emploi à quitter l’Espagne.Le programme accorde aux résidents légaux, ayant perdu leur job, le droit de percevoir leurs indemnités chômage sous la forme de deux versements forfaitaires, sous réserve qu’ils consentent à quitter le pays pour une durée minimale de trois ans.
« La raison qui a motivé ce plan est simple », a confié la secrétaire d’état à l’immigration de l’époque, Anna Terron, à Time Magazine au début de l’année 2011. « Dans ce contexte, si ceux qui veulent retourner dans leur pays d’origine sont en mesure de le faire, chacun y trouve son compte. »
(…) Cette politique a suscité la colère de beaucoup d’associations de migrants qui l’accusaient de créer des divisions entre Espagnols et étrangers.