L’après-Moubarak est dur pour les chrétiensd’Egypte. Harcelés par les salafistes, ils espèrent beaucoup de la France. Plus de 100 000 dossiers d’émigration auraient été déposés.
«Vous ne voulez peut-être pas le savoir en Europe, mais nous le sentons : vous nous avez déjà abandonnés à notre sort», s’indigne Nora, étudiante en lettres françaises. Pour gagner sa vie et aider sa famille, Nora assure la permanence du collège jésuite du centre du Caire.
«La journée, ça va, je me sens entourée parce que je travaille ici, à l’église de la Sainte-Famille, et que j’y trouve la solidarité et la tendresse dont j’ai besoin. Mais le soir, je me sens isolée, en danger. Je ne peux plus rentrer chez moi, dans le quartier populaire de Choubra, sans craindre des insultes, parce que je ne porte pas le voile.» Cela peut aller plus loin : «Je crains aussi l’agression physique, le coup de couteau. On me fait comprendre que je ne suis plus chez moi, ici, en Égypte. La plupart de nos voisins sont complices.» […]
Personne n’a de données exactes sur les demandes de départ. On parle d’une centaine de milliers de personnes. À l’église évangélique Qasr Al-Doubara, derrière la place Al-Tahrir, à deux pas de l’université américaine, le diacre s’indigne de cette hémorragie : «Notre devoir est de rester ici, de lutter pour nous faire respecter, non de fuir.» […]
«Nous ne sommes plus seulement entravés dans la construction de nos églises ou exclus de certains postes officiels, comme le dénonce le Conseil national des droits de l’homme. Quand on entend que des maisons ont été brûlées dans le Sud, la semaine suivante ce sont des boutiques saccagées, la semaine d’après une personne brûlée vive dans l’église. On ne peut plus se voiler la face» affirme-t-il.