Le philosophe-écrivain Bernard-Henri Lévy raconte avoir initié seul la reconnaissance d’une partie de la rébellion libyenne, connue depuis sous le nom de Conseil national de transition (CNT).
C’est sans être mandaté par personne qu’il s’est attribué un rôle diplomatique officiel : cette étonnante nouvelle figure dans un article du magazine allemand Der Spiegel, traduit en anglais pour l’occasion.
L’hebdomadaire le plus influent outre-Rhin évoque le film, en cours de production, que BHL réalise sur sa propre épopée libyenne. Comme dans son livre paru en novembre, l’intellectuel se donne le beau rôle : à le croire, il a été le véritable initiateur de la reconnaissance du CNT, avec un certain Nicolas Sarkozy comme suiveur, émule, disciple : un Président à la remorque.
Der Spiegel raconte une scène-clé du film. Il s’agit de la première rencontre, à Benghazi, entre Lévy et le principal représentant de la rébellion libyenne, Mustafa Abdeljalil. Ce dernier semble plutôt sceptique, au début, pendant que BHL « improvise le discours de sa vie », écrit l’hebdo.
« J’ai un ami en France, M. Sarkozy »
Voilà ce que déclare le philosophe au rebelle :
« J’ai un ami en France, qui est M. Sarkozy. Je ne suis pas un partisan de Sarkozy, mais nous sommes amis. Amis personnels. Nous allons prendre l’avion demain, nous serons à Paris lundi matin et le président Sarkozy vous recevra, vous et tous les autres – ou vos représentants – au palais de l’Elysée.
C’est le premier pas vers la reconnaissance. La France va être le premier pays à recevoir des officiels de la direction de votre conseil. »
Jusqu’ici, rien d’étonnant par rapport à ce qu’on savait déjà du rôle de BHL en Libye – grâce à son livre et à un article paru dans Le Monde en novembre.
Ce qui surprend dans Der Spiegel, c’est que BHL insiste sur un point : il n’a même pas prévenu Nicolas Sarkozy de l’initiative qu’il a prise au nom de la France.
« Quel bluff monumental ! »
Co-réalisateur de ce documentaire sur le philosophe, le photographe et ami de BHL Marc Roussel filme la rencontre avec Abdeljalil. Il commente la scène pour l’hebdo allemand :
« Quel bluff monumental ! Il fallait qu’il soit sacrément gonflé pour faire une telle offre sans en avoir parlé à Sarkozy auparavant.
Je me rappelle encore ce que j’ai dit à Bernard juste après : “Et que fait-on maintenant ? ” Il a répondu : “C’est facile. Maintenant, on appelle Sarkozy.” »