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Pour démoraliser un peuple, il faut le culpabiliser, le rendre non seulement http://img94.imageshack.us/img94/8707/9782246641612.jpgresponsable de ses actes mais des malheurs qui le frappent. L’affaire Merah en est l’illustration.

Dans les commentaires consécutifs aux assassinats a vite prévalu l’idée que cet homme souriant fut poussé au crime par le désespoir social: enfant des quartiers relégués, il serait le produit d’une France qui laisse sa jeunesse d’origine immigrée dans le désespoir.

Cette version a été reprise par toute la presse anglo-saxonne.

Les clichés misérabilistes sur les banlieues ont fleuri dans les médias, omettant au passage que même dans les cités difficiles de nombreux jeunes gens font des études, réussissent, fondent des entreprises et échappent à la double malédiction de la racaille et des fous de Dieu.

Bref le coupable serait un monstre mais aussi une victime de notre incroyable négligence, de notre racisme. Ce djihadiste festif qui évoluait sur les dance floors le soir et tirait au pistolet mitrailleur le lendemain n’avait pas le choix: il fallait qu’il descende des militaires et des juifs, c’était plus fort que lui (…)

(…) C’est là que l’embarras se fait jour: le silence des musulmans dits modérés est assourdissant.

Ils semblent si soucieux de n’être pas stigmatisés qu’ils en oublient l’image désastreuse que les actes d’un Merah offrent de la foi du Prophète. C’est à eux, nos compatriotes, de faire la police dans leurs propres rangs, de proposer une nouvelle exégèse du Coran, de favoriser l’éclosion de cet islam des Lumières que tant de croyants appellent de leurs vœux.

Mais l’on dirait que la peur paralyse les esprits les plus évolués au moment où l’intégrisme gagne l’ensemble du monde arabe et sahélien, où la “chariacratie” progresse. Tout se passe comme si les fondamentalistes constituaient le Surmoi des instances musulmanes officielles dont ils blâment la tiédeur, le sens du compromis et le dialogue avec les autres confessions.

Comment s’étonner que l’islam apparaisse, à tort ou à raison, à une majorité comme une religion de la revanche qui se croit supérieure à toutes les autres et veut faire payer aux “juifs et aux Croisés” sa longue décadence de plusieurs siècles ?

Tant que l’ambiguïté ne sera pas levée, nous serons fondés à nous méfier.

Mohamed Merah pourrait donc devenir le héros de nouvelles têtes brûlées soucieuses de venger sa mort et de réitérer son geste. Sa folle expédition constituerait moins une exception qu’une répétition générale d’atrocités à venir.

Aux prêcheurs de haine correspondent chez nous les prêcheurs de honte: les premiers maudissent, menacent, condamnent, les seconds ne veulent pas voir, pas savoir, pas entendre.

Les uns tuent et accusent, les autres se flagellent et s’excusent.

C’est à cela que servent les experts en pénitence: à formater les esprits au cas où demain une bombe exploserait dans le métro, le train, où nos magistrats, nos policiers, nos enfants seraient fauchés par des tueurs. Ils proclameraient immédiatement: c’est affreux mais nous l’avons bien cherché ! Quoi qu’il arrive, le mal est de notre côté.

Ainsi prépare-t-on les sociétés ouvertes au défaitisme, à se coucher devant tous les extrémismes.

Quiconque maîtrise l’interprétation maîtrise aussi l’événement, passé ou à venir.

Le Huffington post

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