Le professeur d’études islamiques Tariq Ramadan, invité au congrès de l’UOIF qui s’ouvre ce vendredi, fustige la «stigmatisation permanente» des musulmans.
Merah est un enfant de la France qui doit se regarder en face avec lucidité.
Quatre prédicateurs ont été jugés indésirables au congrès de l’UOIF au Bourget. Votre réaction ?
On peut ne pas être d’accord avec certaines de leurs positions. Mais ces hommes, très connus du monde musulman, sont déjà venus en France. Ils ont fermement condamné les tueries perpétrées à Toulouse et Montauban. On aurait pu tirer parti de leur présence. […]
L’UOIF est accusée de radicalisme. Que représente cette fédération ?
L’UOIF est un courant bien installé en France. Ses membres incarnent un islam français conservateur en évolution. Parmi eux, on trouve des membres de l’UMP, du PS, du MoDem… […]
Comment analysez-vous l’attitude du gouvernement vis-à-vis de la communauté musulmane ?
Le discours du gouvernement est de plus en plus populiste. La stigmatisation et la surenchère sont permanentes. L’islam est devenu un problème en soi. Le président de la République n’a pas envie qu’on parle de son bilan économique. Il préfère montrer qu’il tape du poing sur la table. Les autres candidats à la présidentielle sont, quant à eux, tétanisés. Et c’est le Front national qui est le grand gagnant. Le parti a réussi son opération : ses propos sont désormais normalisés par l’UMP et certains membres du PS. Aujourd’hui, tenir un discours sécuritaire, de méfiance, c’est s’assurer des voix. Le débat politique est déserté. Il n’est question que d’émotion et de symboles. Le climat est délétère.