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[Extrait d’un article-témoignage publié par Rue 89]

Je suis un citoyen du troisième âge. [J’ai une] mobylette. Tous les deux roues de [mon] immeuble sont garés dans la cour et le stationnement devant l’entrée est interdit avec panneau d’interdiction de la mairie. Quand un véhicule m’empêche de passer, il m’arrive de mettre un autocollant sur sa vitre.

Le flic m’a dit que c’était normal que ce type m’insulte et me parle impoliment, parce qu’il était arabe.

Le 23 décembre 2011 au soir, des coups très violents sont frappés à ma vitre. Je suis sorti de mon appartement et j’ai été empoigné par un individu très excité qui hurlait qu’il allait me casser la gueule et que s’il me rencontrait dans la rue il me ferait la peau. C’était le propriétaire d’une 206 sur la vitre de laquelle j’avais mis un autocollant.

Il avait empêché l’accès des véhicules à la cour pendant tout l’après-midi mais n’acceptait pas qu’on le lui fasse remarquer. Il m’a hurlé que l’interdiction de stationner ne le concernait pas et que lui avait le droit de stationner partout où il voulait aussi souvent qu’il voulait.

Je me suis dégagé et suis vite rentré dans mon appartement. Il m’a alors hurlé que puisque j’avais touché sa voiture, il allait me prendre ma moto. Il a essayé de prendre la mobylette, mais elle était attaché au mur par une chaîne.

Il l’a alors précipitée par terre et s’apprêtait à la massacrer à coup de pieds. Ce que voyant, je suis rentré me saisir d’un fusil de chasse avec lequel je l’ai obligé à laisser ma mobylette. J’ai alors appelé le 17 où on m’a dit que puisque l’agresseur n’était plus présent, ils ne viendraient pas mais que je devais aller porter plainte le lendemain. (…)

J’ai été reçu par deux inspecteurs. Celui qui m’avait téléphoné m’a informé que mon agresseur avait porté plainte contre moi pour l’avoir menacé d’une arme. (…) Puis il m’a dit que j’étais en garde à vue et qu’ils allaient perquisitionner mon appartement (…) Ils sont venus à trois. La perquisition a duré deux heures. Ils sont repartis avec mon fusil.

Ils avaient prévu une confrontation avec mon agresseur l’après-midi. Au lieu de me laisser rentrer chez moi, ils m’ont mis en cellule. Avant, j’étais passé à l’identité : photos de face et de profil, empreintes de tous les doigts et maintenant je figure au fichier de la police pour avoir interrompu un malfaiteur dans son œuvre de vandalisme.

D’après le flic, j’aurais dû le laisser détruire la mobylette puis déposer plainte après, mais pas menacer ce voyou.

Mon agresseur était très calme. (…) Quand j’ai dit que je ne pouvais pas laisser un voyou détruire mon bien, le malfaiteur a prétendu ne pas être un voyou. Le flic l’a approuvé. Je lui ai dit qu’il serait d’un avis différent s’il l’avait entendu le soir du 23. Il m’a alors dit que c’était normal que ce type m’insulte et me parle impoliment parce qu’il était arabe.(…)

Avant de me relâcher, les policiers m’ont asséné trois informations :

Mon fusil ne me sera pas rendu
C’est du vol. Je me suis renseigné sur le prix d’un fusil d’occasion : un mois de ma pension de retraite – donc presque un an d’économies. En réalité, j’en aurais racheté un avant un an, en me privant sur d’autres achats, et peut-être en trouvant un fusil moins cher que ce qu’on m’a demandé.

J’ai un rappel à l’ordre
J’ai du mal à admettre qu’un procureur, réel ou imaginaire, m’ait condamné sans m’entendre. J’ai du mal à comprendre ce qu’ils appellent l’ordre. Si leur ordre consiste, après avoir pris soin d’un véhicule pendant plusieurs décennies, à laisser un malfaiteur le détruire sans chercher à l’empêcher, alors leur ordre ne me plaît pas.

Il n’y aurait aucune poursuite contre mon agresseur
D’après le flic, ce ne serait donc pas du tout répréhensible de s’introduire en fraude dans une copropriété, d’agresser physiquement un habitant, et celui-ci s’étant dégagé, de vandaliser ses biens. J’attends confirmation du parquet.

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