En public, il dénonce fermement les crimes de Montauban et de Toulouse. Mais sur son site, le théologien trouve beaucoup d’excuses à Merah.
Samedi soir, prenant la parole devant près de 10 000 personnes au Bourget, lors de la Rencontre annuelle des musulmans de France, Tariq Ramadan a condamné sans ambiguïté “les meurtres de Montauban et de Toulouse”. Sur son site, dans un article intitulé “Les enseignements de Toulouse”, publié le 22 mars, le prédicateur écrit, en parlant de Mohamed Merah, “Il n’y a pas à excuser son geste” et déclare que “nos pensées doivent accompagner les chemins de notre coeur, naturellement en sympathie avec les victimes”.
Toutefois, Tariq Ramadan dresse un portrait pour le moins indulgent du meurtrier, présenté comme “gentil (…), serviable et ne correspondant en rien (…) à cette image du “salafiste djihadiste extrémiste” prêt à tuer pour une cause religieuse ou politique”. Le théologien ajoute :
“Mohamed Merah apparaît comme un grand adolescent, un enfant désoeuvré, perdu, dont le coeur est, de l’avis de tous, affectueux, mais dont les pensées étaient brouillées, perturbées et particulièrement incohérentes”. (…)
Depuis deux décennies, le très controversé théologien est accusé de tenir un double langage. L’auteur de l’article, qui lui a consacré une biographie en 2007 (*), préfère parler de grand écart. En fait, Tariq Ramadan est d’abord un politicien, qui adapte son discours à son public. À la rencontre annuelle des musulmans de France, il s’adresse à des musulmans, venus souvent en famille, qui ne partagent pas forcément la pensée de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans.
En revanche, sur son site, destiné à ses partisans, le petit-fils d’Hassan al-Banna – le fondateur de la Confrérie – et fils de Saïd Ramadan – qui a implanté les Frères musulmans en Europe – se “lâche” plus facilement. Il peut laisser entendre que les musulmans sont traités comme des “citoyens de seconde catégorie”. On est alors loin de l’appel à l’union lancé au Bourget ! (…)