Sur les hauteurs de Brachay (Haute-Marne), une vingtaine de personnes scrute la route sinueuse en contrebas, en ce jour de Pâques, lundi 9 avril. (…)
Le maire, Gérard Marchand, a sorti son écharpe tricolore. C’est la troisième fois consécutive qu’il a apporté son parrainage à la candidature frontiste. Alors recevoir Marine Le Pen dans sa propre exploitation laitière, “c’est un truc de fou !” Marine Le Pen, justement, est venu parler à “la France des invisibles”.
Écharpe rouge autour du cou et talons noirs, elle déambule dans le grand hangar à vaches, sous l’objectif de quelques caméras.
“Vous avez vu où va monsieur Hollande ? Dans les banlieues.
La France, ce n’est pas les banlieues, grince-t-elle.
La France, ce sont ces gens qui bossent comme des dingues, qui ont des problèmes de pouvoir d’achat, mais qu’on n’écoute pas, qui ne font pas l’ouverture des JT, qui ne brûlent pas de voitures…”
“Les gens d’ici ont été abandonnés…”
Quelque 300 personnes sont venues d’ici et des alentours pour acclamer leur favorite. Cohue pour une accolade, une photo ou un autographe. Marine Le Pen savoure.
“Les gens d’ici ont été abandonnés. C’est un département désert. Il n’y a plus rien”, raconte le maire.
Marine Le Pen embraye : “Ces gens-là ont vu qu’on leur prenait de plus en plus, et qu’on leur donnait de moins en moins. Moins de commerces, moins de santé, moins de sécurité, moins de policiers, moins de justice...” A l’inverse des banlieues, “où l’on déverse des millions d’euros chaque année, et pour quels résultats… Les gens ont le sentiment de verser des impôts pour des milliers de voyous”. (…)
Un peu plus loin, deux femmes s’apprêtent à repartir, photo dédicacée en poche. Hors de question de donner leurs prénoms. On saura seulement que l’une, quadragénaire, est viticultrice près de Bar-sur-Aube et qu’elle en a “marre de travailler six mois de l’année pour les autres, ceux qui viennent chez nous et qui ne foutent rien”. “Les étrangers, ils viennent, ils ont tout gratuit, et nous, on est bon pour payer.”
Son amie appelle Marine Le Pen à “fermer les frontières”.
“A l’heure actuelle, on n’est plus chez nous. On se fait cracher dessus, on se fait brûler nos voitures…”
Et de citer ce fait divers survenu à Bar-sur-Aube, en juillet, qu’a relaté L’Est-Eclair : “Trois jeunes Maghrébins ont tabassé à mort un monsieur de 57 ans. Son fils a voulu lui venir en secours, il a fini en garde à vue parce que les flics ont jugé qu’il n’avait pas à intervenir. Vous vous rendez compte ?
Ce n’est pas parce qu’on habite dans un petit village qu’on ne le voit pas, tout ça.”