En Seine-Saint-Denis, le Front national recrute dans la population d’origine européenne et en particulier parmi les «petits fonctionnaires blancs». Un réservoir important en vue de la présidentielle.
On ne sera jamais majoritaire dans le 93, c’est techniquement impossible. C’est un département tiers-mondisé. (Cyril Bozonnet)
«Vous voyez le charmant troquet ? C’est pas compliqué, c’est le seul de la ville ! On va vous payer un café, on est comme ça à la Fédération ! » En ce samedi matin glacial, Cyril Bozonnet nous attend à la brasserie Le Murat, à deux pas de la gare de Bondy.
Encarté au Front national depuis plus de 20 ans, le bonhomme, béret sur la tête et voix tonitruante, est chargé de l’action militante du parti dans le 93. Lors des élections cantonales de 2011, l’extrême droite a réalisé une percée dans le département avec des scores de 17% en moyenne. Tête de liste dans le canton d’Aubervilliers-Est, Bozonnet a lui-même recueilli 21,54% des suffrages exprimés au premier tour, loin devant l’UMP qui a chuté à 6,64%. «Les 600.000 personnes d’origine européenne qui vivent encore ici sont plus sensibles à notre discours qu’ailleurs. C’est donc un gros réservoir de voix, surtout lors des élections présidentielles.» […]
La stratégie du parti en Seine-Saint-Denis est claire : jouer la carte de «la France des pavillons» contre celle des tours, la France des blancs contre celle des «immigrés non européens». […]
Laurent Gervais est responsable des jeunes FN du 93. Habitant de Neuilly-sur-Marne depuis toujours, il a placé ses espoirs dans la Seine-Saint-Denis : «Le 93 est un laboratoire pour le FN. Il y a tous les terreaux qui peuvent être favorables à notre électorat : forte délinquance, islamisme, misère sociale… Depuis un an, on s’est mis au travail dans le département, il peut donner des résultats importants. Avec une équipe solide, je pense même que le 93 peut devenir la première fédération.» […]
Mais la particularité du FN dans le 93, c’est qu’il recrute… dans la fonction publique . Le profil type de cet adhérent nouvelle génération ? «Le mâle blanc d’une trentaine d’années, petit fonctionnaire de catégorie C», dégaine Bozonnet. Depuis les élections régionales de mars 2010, ils représentent selon lui désormais 40% des nouveaux adhérents dans le département. Impensable il y a 20 ans. […]