Une tribune inspirée par Bernard Lugan dans Le Monde ?_________________________________________________
Les crises identitaires ne sont solubles ni dans la démocratie, ni dans le développement
La proclamation de l’indépendance de la république de l’Azawad par le MNLA, organisation politico-militaire essentiellement composée de Touareg, replace d’éclatante façon la problématique identitaire au centre des préoccupations internationales. Cette évidence semble pourtant difficile à accepter pour certains analystes. Ainsi, dans une tribune publiée le 29 mars par Le Monde.fr, Serge Michailof, chercheur à l’IRIS, professeur à Sciences-Po et consultant pour la Banque mondiale, évoque la nécessité de “la restauration de l’Etat de droit au Mali”, laquelle passerait par des “programmes de développements de grande ampleur”, en sus d’une “nécessaire réponse militaire”. […]
Comment seulement envisager oublier le contenu de la lettre envoyée en 1960 au général de Gaulle par des notables touareg réunis à Kidal : “Puisque vous quittez le pays touareg, rendez nous notre bien tel que vous nous l’avez arraché […] Nous ne voulons pas que les Noirs ni les Arabes nous dirigent […] Puisque l’indépendance s’annonce et que vous la donnez, alors nous les Touaregs nous voulons nous diriger nous-mêmes” ?
Comment ne pas prêter attention au fait qu’avant l’effondrement de l’Etat malien, il y a quelques semaines, les gouverneurs des trois provinces du septentrion appartenaient tous à l’ethnie majoritaire au sud du Mali, les Bambara ? […]
Le nécessaire recours au facteur identitaire dans la compréhension des événements contemporains ne doit pas se limiter aux pays pudiquement appelés “du Sud”. Au contraire, elle éclaire de nombreuses dynamiques européennes. […]
Les Etats qui persistent à nier la diversité ethnique et culturelle de leurs peuples et à dénier à ceux-ci les moyens de s’autogérer accélèrent leur propre implosion et, partant, leur sortie de l’Histoire.