(…) L’idée selon laquelle une même personne répète inlassablement son éternel credo comme si elle était dans l’impossibilité de se renouveler, a été invalidée à 100% et devinez par qui ? Par le supposé « philosophe médiatique » dont je pensais jusque là qu’il avait fait de l’anticléricalisme et de l’antifreudisme ses thèmes de prédilection, je veux parler bien sûr de Michel Onfray.
Et voilà que notre rebelle hédoniste déboulonne non pas Dieu, ni Freud, ni je ne sais quelle figure incarnant l’ordre symbolique, mais lance ses anathèmes contre Robespierre et Saint-Just dont la radicalité sanguinaire, explique-t-il, affleure en permanence sous les références du candidat du Front de Gauche.
Quel renversement d’entendre Michel Onfray, condamner la lecture soboulienne de la Révolution pastichée par Mélenchon.
Quel paradoxe réconfortant de voir ce partisan de la démocratie directe en appeler aux Girondins, à Condorcet et donc à la modération, à la représentation.
Et comme si les fantômes des royalistes et des contre-révolutionnaires venaient lui souffler la réplique, il traite, avec raison, Robespierre et Saint-Just de massacreurs, et Carrier, celui qui a mis au point les noyades de Nantes, de « Eichmann de la Révolution française ».
Puis il se fait plaisir en dézinguant les analyses dogmatiques de ces confrères et concurrents, Badiou et Zizek, qui s’efforçent à réhabiliter la vertu de l’Incorruptible et donner l’absolution au communisme version bolcheviks. (…)
Mais là où il pousse la lucidité à son comble c’est lorsqu’il dénonce le traitement médiatique réservé aux références culturelles des extrêmes.
Et en écoutant ainsi Michel Onfray s’offusquer devant le scandale provoqué par Le Pen citant Brasillach et le mutisme de la presse devant la mise au pinacle des théoriciens et praticiens de la Terreur par Mélenchon
, je me suis dit qu’il avait peut-être été finalement touché par la grâce. Ai-je raison, ai-je tort ? Dieu seul le sait…
Causeur