Tribune de Marc-Albert Chaigneau, avocat d’affaires et conseil de sociétés, publiée dans Le Monde
Toute barrière mise à l’immigration, à l’accès à l’emploi, au logement, aux soins et services sociaux, est d’abord considérée et gérée comme un obstacle à l’intégration, avant qu’elle n’ait pu avoir le moindre effet sur l’immigration elle-même.
Sans doute serez-vous nombreux, comme mes premiers lecteurs, à croire que ce titre est une erreur. Qu’il est question de la lutte contre l’immigration, grand thème de campagne, plutôt marqué à droite. Mon titre n’est pas une erreur, mais c’est la politique menée qui en est une. […]
Le communautarisme, ethnique, culturel ou religieux, n’est pas nécessairement un frein à l’intégration. Il peut même en constituer un vecteur et la communauté des portugais installés en France, montre comment le phénomène peut se dérouler. Ce d’autant plus qu’il est allé au terme de son cycle et aboutit, pour une partie de cette population, à un retour au pays réussi. Pour une autre, à une parfaite intégration. […]
La lutte contre l’immigration, perçue comme un rejet par les immigrés, pas seulement clandestins, affecte les motivations, la nécessaire volonté à la base de tout processus d’intégration. C’est pourquoi elle a pour premier effet de freiner l’intégration, ce qui est dommageable, pour les populations immigrées, mais surtout pour les pays d’accueil, leurs populations et le consensus social : le désir de vivre ensemble.
Le Monde