Être femme en politique n’est toujours pas aisé. Certaines sont attaquées pour leur féminité ou leur statut de mère de famille, d’autres parce qu’elles utiliseraient trop les attributs des hommes. Et puis, il y a Marine Le Pen qui brouille les pistes. Trois experts analysent son art de battre des cils tout en tapant du poing.
Avec son arrivée, en janvier 2011, à la tête du parti créé par son père, Marine Le Pen a réussi son opération séduction. Courtisée par les médias, elle fait la tournée des plateaux télévisés et s’affiche en une des journaux lorsque Jean-Marie Le Pen en était écarté. Habile communicante, elle jongle entre son statut de mère, de fille du chef et d’élue expérimentée pour se forger une image de femme compétente à la tête d’un parti comme un autre. […]
Alors que Ségolène Royal était la cible d’attaques misogynes en 2007 (« Ce n’est pas un concours de beauté », « Qui va garder les enfants ? », etc.), Marine Le Pen semble épargnée par la verve sexiste. Les médias ont à peine évoqué sa perte de poids et sa nouvelle coupe présidentiable, alors qu’Eva Joly est régulièrement raillée pour ses montures colorées ou sa chevelure désordonnée. Peut-être parce que le nouveau visage de l’extrême droite est aussi une femme à poigne ? « Elle est couillue, c’est un lion ! » dixit sa sœur Yann. […]
Beaucoup pourraient se reconnaître en cette mère divorcée et femme active, voir en elle une candidate déterminée à améliorer le sort des femmes. Pour autant Marine Le Pen se dit opposée à la création d’un ministère des Droits des femmes, estimant qu’elles ne sont pas « une espèce à protéger ». Si les électrices ont historiquement résisté au vote frontiste, Janine Mossuz-Lavau estime que le 22 avril, « l’effet Marine » va modifier la tendance. Pour l’heure, les intentions de vote lui donneraient raison.