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Dans son dernier livre, Changer le monde tout un programme, Jean-Marc Jancovici, montre, chiffres à l’appui, que c’est la course à la croissance elle-même qui nous fait tomber dans des crises de plus en plus rapprochées parce qu’elle repose sur des ressources énergétiques qui se raréfient. Pour sortir de cette spirale infernale, il est urgent d’engager un nouveau projet de société tourné vers une économie décarbonée. C’est le défi posé à nos gouvernants.

Jeune Dirigeant : Au commencement de nos sociétés modernes est l’énergie : c’est un des messages forts de votre livre que l’on a parfois tendance à oublier.

Jean-Marc Jancovici : L’énergie est en effet primordiale pour une raison très simple : elle est, par définition en physique, la marque du changement. Il n’y a donc pas de transformation sans énergie. Cette idée peut se décliner de toutes les manières dans notre vie quotidienne. Aucun véhicule n’avance sans énergie, aucune usine ne fonctionne sans énergie, a minima celle des bras et des jambes des ouvriers qui la remplissent, mais qui est désormais devenue négligeable. Car, désormais, l’énergie produite par nos muscles est devenue plusieurs centaines de fois inférieure à l’énergie extracorporelle que nous utilisons (charbon, pétrole, gaz, et le reste).

Ce qui a donné à nos économies occidentales la capacité de produire des « choses » qu’on appellera par la suite du PIB, c’est l’énergie fossile abondante et gratuite, utilisée pour transformer une matière première également gratuite.

Pour faire court, au moment où l’homme arrive sur la planète, il bénéficie gratuitement du résultat de 15 milliards d’années d’évolution depuis le Big Bang.

Il n’y a pas que le soleil et le vent qui sont gratuits, comme aiment à le rappeler les écologistes, il y a aussi le pétrole, le charbon, les minerais, les pierres, les montagnes, le système climatique…

Notre développement économique repose donc sur l’exploitation de ces ressources énergétiques et matérielles gratuites, auxquelles nous ajoutons des bulletins de paye. C’est le cumul des bulletins de paye, des dividendes et des rentes qui fait le prix des objets, et non la constitution de la matière première.

Je pense que c’est criminel de remplacer le nucléaire par du charbon, sachant que les énergies renouvelables seront encore pour longtemps relativement marginales. Choisir le charbon, c’est augmenter le nombre de morts à très bref délai : il y a cinq à dix mille morts par an dans les mines, ce que ne provoque pas le nucléaire civil. C’est augmenter à court terme la pollution locale et à long terme accélérer le changement climatique, c’est-à-dire la perte de terres agricoles dans les deltas, la souffrance alimentaire, les épidémies, les risques de guerre…, des conséquences pour moi bien pires que d’évacuer quelques dizaines de milliers de personnes des alentours d’une centrale nucléaire une fois tous les vingt ans.

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