Idées Par Caroline Fourest, 20 avril 2012 :
La France ne se réveillera pas du même pied et surtout pas avec le même visage selon l’ordre d’arrivée des candidats au premier tour de cette présidentielle. Si François Hollande arrive en tête dès le 22 avril. Ou si Jean-Luc Mélenchon réussit l’incroyable exploit, presque un “miracle”, de reléguer Marine Le Pen à la quatrième place.
Aucun match n’est joué d’avance. Surtout pas celui-là. Le vote en faveur du Front national étant plus difficile à prévoir – car toujours sous-évalué -, rien ne permet d’anticiper l’écart qui le séparera du Front de gauche.
Une seule chose est sûre. L’image donnée de la France et celle qu’auront les Français d’eux-mêmes seront très différentes si ce dernier parvenait à dépasser d’une courte tête le Front national, ou même à faire quasiment jeu égal […]
Si les ravages du totalitarisme au nom de la nation sont parfois comparables à ceux commis au nom des prolétaires, le Front du gauche n’est pas comparable au Front national. Leurs éventuelles ressemblances pèsent infiniment moins que leurs actuelles et profondes différences.
L’héritière a beau dire parler au nom du peuple, de la République et de la laïcité, elle ne connaît que les siens, la loi du clan, rêve de rétablir la domination culturelle catholique et le droit du sang. Sa France est en colère contre les immigrés. Elle ne sera pas celle de l’égalité mais de la hiérarchisation des Français. Sa troisième place – ou pire – résonnerait comme un appel à la revanche identitaire […]
C’est ce que l’on oublie parfois à force de comparer le Front national au Front de gauche.
Ce n’est pas une question de degré mais de nature et d’objectifs, qui les opposent en profondeur.
Et qui changera tout au visage de la France selon leur ordre d’arrivée.
Le Monde