Mathurin n’a pas survécu au terrible choc qui l’a projeté à une quinzaine de mètres, sous les yeux horrifiés des passants. Ce petit garçon de 11 ans, qui se rendait à un cours d’escrime, a été mortellement fauché jeudi matin, à Paris, par un chauffard de 24 ans qui roulait sans permis, sur un passage clouté de l’avenue Gambetta, dans le XXe arrondissement.
Il est environ 10 heures lorsque Ahmed B, qui arrive de la porte des Lilas au volant de sa camionnette, s’engage dans l’avenue Gambetta. Mais la circulation est ralentie par un camion poubelles, que doublent, à petite allure, un bus de la RATP et deux voitures.
Le conducteur de l’utilitaire, lui, n’est guère disposé à perdre du temps :
à vive allure, il se déporte sur sa gauche, dépassant tous les véhicules et empruntant, au passage, une voie de bus en sens interdit, puis, au prix d’une queue de poisson, il se rabat violemment sur la droite à hauteur du passage protégé sur lequel le petit Mathurin, accompagné d’un camarade, s’est engagé.
Avenue Gambetta, c’est la sidération. Et la colère aussi : le fait que Ahmed B. conduisait sans permis s’est répandu comme une traînée de poudre.Guillermo, le patron du Bistrot du Manoir qui fait face au lieu du drame, peine à trouver les mots pour décrire l’indicible :
« Si j’avais pensé assister un jour à une telle horreur, murmure-t-il.
Il roulait très vite.
Et puis il y a eu ce bruit… L’avant de la voiture était comme éventré, le radiateur fuyait. J’ai vu l’un des enfants qui traînait un sac, il a réussi à gagner le trottoir, mais l’autre petit n’a pas eu cette chance.
Le chauffard a été placé en garde à vue dans les locaux du service de traitement judiciaire des accidents (STJA). En déplacement professionnel, hier, au volant de son utilitaire,
il conduisait malgré l’annulation de son permis de conduire, et aurait déjà, par le passé, fait l’objet de plusieurs procédures judiciaires pour différents délits routiers. Parmi lesquels le défaut de permis.
Selon les premiers tests, il n’aurait pas consommé d’alcool, mais des traces de cannabis auraient été décelées dans ses urines.Seuls les examens sanguins pratiqués sur Ahmed B. permettront de confirmer le premier diagnostic. Les résultats seront connus aujourd’hui.