De passage à Paris, le financier George Soros livre ses réflexions sur la crise de la zone euro. Il fustige le poids de la Bundesbank et appelle à un changement politique radical. Visionnaire pour certains en raison de ses critiques du capitalisme, spéculateur sans scrupules pour d’autres après son raid contre la livre sterling en 1992, il développe ces propos dans son dernier ouvrage, Le chaos financier mondial (Presses de la Cité, 215 pages, 18 euros).
Etes-vous inquiet de la situation actuelle de la zone euro ?
Je crains que la politique des dirigeants actuels ne mène à un désastre. L’euro menace de détruire l’Union européenne et avec les meilleures intentions, les dirigeants sont en train de mener l’Europe à sa perte en essayant de préserver et d’imposer des règles inappropriées. Et ceux qui jugent la situation intolérable sont désormais tentés par une positon antieuropéenne.
Même si l’euro survit, l’Europe a devant elle une période de grandes difficultés. Elle pourrait être similaire à ce qui est arrivé à l’Amérique latine après la crise de 1982 – une décennie perdue – ou au Japon, qui voit la croissance stagner depuis vingt-cinq ans. Ces pays ont tout de même survécu, mais l’Union européenne n’est pas un pays et je crains qu’elle n’y survive pas.
Certains pays voient monter l’extrême-droite. Cela vous inquiète-t-il ?
C’est ce qui me dérange le plus : la recherche de solutions nationales prend de plus en plus d’ampleur, ce qui peut détruire l’Union européenne. L’Europe a des problèmes très sérieux, mais il faut y trouver une solution européenne.