Dans la cité des Bosquets (93), une bavure a abouti à la condamnation de deux agents. Aujourd’hui, c’est mieux pour les « daronnes », moins bien pour les jeunes. (…)
« Maintenant, c’est tolérance zéro »
Boubakar (son prénom a été changé), 26 ans, a grandi aux Bosquets. Sans emploi, il vit désormais à Noisy-le-Sec, à une douzaine de kilomètres. Quand il visite sa famille à Montfermeil, il constate que les choses ont changé :
« Avant, tout le monde roulait sans permis. Maintenant, plus personne. Avant, on discutait devant l’immeuble, maintenant, plus trop. Avant, la police passait deux fois par jour dans la rue Picasso. Aujourd’hui, quarante ou cinquante fois.
Pour les gens, pour les daronnes [mères de familles, ndlr], les personnes âgées, c’est mieux. Pas pour nous. Maintenant, c’est tolérance zéro.
Alors qu’à Noisy, je ne me fais pas contrôler. Là-bas, les gens sont plus libres : ils crient, font de la moto sans casque… Les flics ne mettent pas les pieds dans la cité. Ici, tout ça, ce n’est plus possible. »
En novembre 2010, un nouveau commissariat est entré en service à Clichy-Montfermeil, deux villes qui dépendaient auparavant de Gagny, où étaient affectés les deux policiers violents de 2008. C’est la nouvelle implantation, forte de 140 policiers, qui a changé toute l’ambiance. (…)
Une dame : « Ici, les jeunes sont dangereux »
Au deuxième étage, une dame voilée s’apprête à rentrer dans son appartement, dont la porte est toute cabossée – à cause de son fils, qui est « perturbé ».
Elle refuse que je dise son nom. La cinquantaine, elle parle très bas, chuchote presque. « C’est plus calme, il y a moins d’ambiance, plus de police qu’avant. » Elle évoque encore une fois son fils, puis :
« Ici, les jeunes ils sont dangereux. Je ne veux pas de problèmes avec les Noirs et les Arabes.
– Mais vous n’êtes pas arabe vous-même ?
– Oui, je suis arabe. Mais tous les Arabes ne sont pas pareils. C’est comme tout le monde. »