« Les pressions sur les banques européennes restent élevées. Elles font face aux risques de la dette publique, à une croissance économique faible, à une hausse des exigences lors du renouvellement de leurs emprunts arrivant à maturité et à la nécessité de renforcer leurs réserves pour regagner la confiance des investisseurs. » A les lire attentivement, les auteurs de ce constat ne sauraient être plus clairs, mais qui sont-ils donc pour se le permettre ?
Ce sont les rédacteurs du rapport semestriel du FMI, qui tirent la conclusion de leur analyse que les 58 plus importantes banques européennes vont devoir pratiquer un gigantesque désendettement d’ici fin 2013. La valeur médiane de la fourchette de leur estimation est de 2.600 milliards de dollars (soit 7% de leurs actifs), ce qui va se traduire par un reflux du crédit chiffré à -1,7%, ainsi qu’un par recul de -1,4% du PIB de la région. Il va aussi en résulter une baisse de la valeur des actifs, vu la quantité qui va être vendue dans la précipitation, atteignant celle des actifs conservés et créant ainsi un phénomène de boule de neige. L’image qui s’impose est celle d’un bateau dont les membres de l’équipage jettent dans l’urgence tout ce qu’ils peuvent par dessus bord afin de l’alléger et l’empêcher de sombrer.
Un tel montant de désendettement signifie que les banques en question vont continuer de privilégier la réduction de la taille de leur bilan – principalement ventes d’actifs, mais aussi diminution du crédit – à l’augmentation de leurs fonds propres; un choix qui est déjà engagé, comme on peut le constater. Mais comme cet accroissement n’en reste pas moins une nécessité, le délestage des banques n’étant pas sans lourdes conséquences, il va falloir trouver une solution. D’autant que le rapport confirme un phénomène très inquiétant pour la solidité de l’édifice : la quantité d’obligations souveraines pouvant être considérées comme sûres décline, il est même avancé le chiffre de 16% du stock disponible, ce qui accroît la difficulté de s’en procurer pour consolider les bilans bancaires et va en renchérir le coût. La crise de la dette publique interagit avec celle de la dette privée, en voici une nouvelle illustration des plus redoutables, car le système financier repose fondamentalement sur la première… C’est bien pour cela qu’il cherche à obtenir le retour à une situation dite à zéro risque.
Le FMI est conduit à préconiser, « si la situation le justifie », l’injection de fonds publics afin de recapitaliser les banques , « pour briser le « lien pernicieux entre la dette souveraine et publique » que vient de dénoncer Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI. L’indispensable recapitalisation et restructuration des banques est décrite comme jamais elle ne l’a été auparavant. Afin d’y parvenir, le Fonds réclame que le FESF et le MES – les structures européennes mises en place pour aider les États en difficulté – puissent directement aider les banques, sans passer par les États, semblant oublier que ce sont eux qui financent ces structures en empruntant aux banques ! Ce monde est infernal !