Gilles Manceron, membre de la Ligue des Droits de l’homme (LDH) est interrogé par le quotidien algérien El Watan sur l’élection présidentielle française.
Dans aucun pays, l’identité nationale n’est donnée une fois pour toutes.
-L’immigration porte-t-elle atteinte à l’identité nationale, comme l’affirment la droite et l’extrême-droite ? Marine Le Pen, mardi soir au Zénith, a directement pointé les Franco-musulmans, n’est-ce pas un appel à la division et à la haine ?
Les échanges des hommes, des techniques et des idées ne cessent de modifier en permanence l’identité de chaque peuple et de chaque nation. La seule chose à laquelle peuples et nations sont légitimes à s’opposer, c’est à la conquête par la force et à la colonisation. […]
-Nicolas Sarkozy veut revoir l’accord franco-algérien pour diviser par deux l’immigration. Est-ce la bonne approche pour «solder» le passé colonial, comme il le préconise ?
Certainement pas, cela revient à rallumer les haines et les rejets qui ont marqué l’époque coloniale. Il faudrait plutôt que la France reconnaisse que ce passé colonial était marqué par de graves atteintes aux valeurs républicaines et qu’elle manifeste clairement, aujourd’hui, sa volonté de rompre avec lui. L’histoire a tissé des liens entre les deux peuples et il est illusoire d’empêcher la circulation des personnes entre les deux pays. Il faudrait plutôt – à condition qu’il soit précédé d’avancées démocratiques dans les deux pays – remettre en chantier l’idée d’un traité d’amitié qui faciliterait notamment la circulation des personnes. […]
El Watan