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François Hollande propose de «mobiliser» le bas de laine des Français pour réduire la dépendance aux marchés. Pas forcément avantageux pour les finances publiques.

Faire appel à l’épargne des Français pour financer la dette nationale : François Hollande s’y est déclaré favorable, jeudi soir, alors que les conditions d’emprunt sur les marchés se durcissent de nouveau. «J’ai l’idée que l’épargne des Français, qui est à un niveau très élevé, puisse être mobilisée pour l’industrie, pour le logement et aussi pour la dette», a expliqué le candidat socialiste.

Le taux d’épargne des Français est effectivement l’un des plus hauts d’Europe. En 2011, il atteignait 16,8% du revenu disponible des ménages, son niveau le plus élevé depuis 1983. Cet argent n’est pas «dormant» : placé en livrets d’épargne, comme le livret A, en assurance vie ou encore en actions, il participe au financement de l’économie réelle.

Trop cher pour l’Etat ?

Sur le plan comptable, cependant, solliciter les ménages n’est pas forcément plus avantageux que d’emprunter sur les marchés. « Il faut que ce soit [à] un taux qui ne soit pas supérieur à celui du marché, a lui-même précisé François Hollande. Pas la peine de payer plus cher une dette, même si elle est souscrite par les Français. » C’est pour cette raison que le « grand emprunt d’avenir » voulu par Nicolas Sarkozy avait finalement été réalisé sur les marchés plutôt qu’auprès du public.

Rentabilité

Si un taux trop haut est mauvais pour les finances de l’Etat, un taux trop bas n’est pas intéressant pour les ménages, même patriotes. Il doit être suffisamment attractif pour concurrencer un livret A à 2,25%, ou l’assurance-vie, dont le rendement moyen est à plus de 3%. A défaut, il peut être assorti d’un régime fiscal avantageux, qui représente cependant un coût supplémentaire pour l’Etat. Se tourner vers l’épargne nationale apparaît opportun surtout en cas de hausse forte et prolongée des taux d’intérêt français.

D’après l’entourage du candidat, il serait donc plutôt question d’incitations pour que les obligations d’Etat soient, par exemple, mieux représentées dans les contrats d’assurance-vie. Des outils d’épargne spécifiquement tournées vers la dette d’Etat seraient également envisagés.

Libération

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