Marine Le Pen a obtenu 17,9% des voix au premier tour du scrutin présidentiel. […]Pour notre blogueur associé Philippe Bilger, le candidat de l’UMP et la caste médiatique ont leur part de responsabilité dans la « banalisation » du vote d’extrême droite.
[…] Il serait injuste de n’imputer le score du FN qu’à ce dernier, si on veut bien aussi considérer que le talent de Marine Le Pen y était pour quelque chose, même sans imparfait du subjonctif.
D’autres responsables existent, mais intouchables et contents d’eux. Je fais référence à ces quelques journalistes dont Pascale Clark est la représentante emblématique, surtout pour le pire.
Lors de cette campagne, combien de fois – et sans qu’on puisse accuser Marine Le Pen de jouer à la persécutée quand son dynamisme, sa pugnacité et sa résistance étaient reconnus – les citoyens, téléspectateurs et auditeurs ont été frappés de constater le courage sans risque et la grossiéreté sans allure de certaines personnalités médiatiques à son encontre ? Il était évidemment hors de question d’afficher la même partialité et d’avoir le même ton à l’égard des autres candidats, même les plus discutables.
Ce qui comptait et vous donnait la légion d’honneur du journalisme militant, c’était de « se payer » Marine Le Pen pour bien montrer à quel point on était, soi, parfait républicain contre une interlocutrice condamnée avant même d’avoir proféré le moindre mot. Personne ne m’interdira de me scandaliser de telles pratiques qui ravalent l’exercice médiatique au rang d’une opération de commando et qui, surtout, suscitant l’indignation devant l’inéquité, favorisent paradoxalement l’essor de celui ou de celle qu’elles s’acharnent à pourfendre.
Je ne confonds pas les entretiens menés dans la vigueur, avec une contradiction informée – Anne-Sophie Lapix, Michel Field ou Patrick Cohen – avec les échanges délibérément belliqueux à la Pascale Clark ou très orientés comme sur TF1 avec Laurence Ferrari, ensuite tout sourire avec le si plaisant Jean-Luc Mélenchon !
C’est ce journalisme-là, ce piètre professionnalisme, cet esprit toujours partisan à l’égard de la même qui, avec la stratégie dangereusement suicidaire (pour une démocratie responsable et pour lui-même) menée en 2012 par Nicolas Sarkozy, ont amplifié l’influence et le poids du FN dans notre espace républicain. Certes, on expose doctement que le populisme monte partout (Libération) mais il ne faudrait pas oublier que derrière les analyses il y a des coupables : ceux qui, pour se sauver ou s’accroître, exploitent les peurs du peuple et ceux qui avec désinvolture, dérision ou mauvaise foi les nient.
Oui, le FN doit beaucoup à Nicolas Sarkozy et à Pascale Clark.
Marianne2