De l’autre côté de la Méditerranée, on retient d’abord la victoire de François Hollande. Le journaliste Akram Belkaïd se rappelle que les Français du Maghreb avaient déjà plébiscité la gauche en 2007. D’autres n’hésitent pas à faire un parallèle entre électeurs du FN et salafsites … Une revue de presse du site Slate Afrique.
La France gauloise vs Sahel djihadiste.
Quand près de 7 millions de Français votent pour l’extrême droite, c’est vu comme la confirmation que le reste du monde ne veut pas du reste du monde. Comme si l’Occident confirmait sa réputation de mauvais voisin, de gros colon qui mange la terre et le puit. Comme la preuve qu’il veut nous jeter à la mer ou nous laisser le choix entre la valise et le cercueil des mauvaises indépendances. […]
Aux millions de Français qui ont voté Le Pen vont correspondre des millions du sud qui croient qu’on veut leur voler l’islam, la terre et qu’on ne les aime pas. Du coup, ils ont droit de ne pas aimer le monde, de lui tourner le dos, de le convertir ou de le punir au nom de Dieu. L’extrême-droite qui s’y dessine avec 7 millions d’électeurs est un pays du Sahel vert, un territoire du «Salaf» (ancêtres ndlr) et des salafistes gaulois, un émirat de souche dans l’imaginaire de l’extrême-droite djihadiste au sud du nord. Les extrêmes sont donc là. Ils se font écho et se font signes par-dessus la majorité molle du reste de l’humanité.
Donc les Algériens ont suivi les élections mais voient l’essentiel: Le Pen a pris le pouvoir. Il ne lui manque que la présidence.
Slate Afrique
«C’est en Algérie que le rejet de Nicolas Sarkozy avait été le plus flagrant, puisque la candidate socialiste y avait raflé 80,5% des suffrages contre 19,5% pour le futur président», écrit Akram Belkaïd.
Cinq ans plus tard, le rejet de Nicolas Sarkozy est l’un des enseignements du premier tour de l’élection présidentielle. Avec 28,8 %, le candidat socialiste est arrivé en tête. […]
Mais la véritable surprise de ce scrutin fut le score de Jean-Luc Mélenchon, crédité à 17 % d’intentions de vote à quelques semaines du premier tour. Celui qu’on appelait le troisième homme n’obtient finalement que la quatrième place du podium. Celui, que le quotidien d’Oran surnommait le candidat des musulmans a été dépassé par la candidate frontiste. […]
En 2012, près d’un électeur sur cinq a voté Marine Le Pen, ce qui donne à la candidate de l’extrême droite une position d’arbitre et de force d’opposition de taille dans les années à venir, notamment pour les prochaines élections législatives. Une donnée qui n’échappe pas à la presse algérienne qui table sur un second tour «à droite toute».
«Marine Le Pen s’impose comme la force d’opposition qu’il faudra affronter et avec laquelle il faudra compter», écrit l’éditorialiste d’El Watan. Il faut donc s’attendre au retour des thèmes de prédilection de l’extrême droite: l’immigration, la sécurité et pourquoi pas le halal.
Slate Afrique
Vu du Maroc: la victoire de Hollande fait consensus
Que ce soient pour le Palais, son gouvernement islamiste ou ses opposants, la victoire de François Hollande tranquillise.
«Martine, l’amie du roi» : Le PS compte nombre «d’amis» du Maroc dans ses rangs: Jack Lang, Ségolène Royal, la députée Elizabeth Guigou (née à Marrakech), l’ex-ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine pour ne citer que ceux-là.
«Mélenchon, le Marocain» : Chez les contestataires du trône, notamment auprès du Mouvement du 20 Février qui après une année de manifestations dans la vague des Printemps arabes, le score plus qu’honorable deJean-Luc Mélenchon, le Marocain est un signe d’espérance de le voir participer à un futur gouvernement de gauche. Ils ont apprécié son discours de Marseille en direction des peuples du Maghreb et relevé avec satisfaction le clin d’œil de François Hollande à son ralliement.
Quant au gouvernement marocain à forte teinte islamiste, quoiqu’encore novice en diplomatie, le discours très «droitisant» de Nicolas Sarkozy à la Mutualité, ses références appuyées à la sécurité, à l’immigration, aux délocalisations, mais surtout à «la préservation du mode de vie des français» a sans nul doute était perçu comme une menace de voir son éventuelle réélection donner du carburant aux thèses du Front national. Un sentiment d’ailleurs très partagé par l’opinion publique qui semble d’ailleurs assez séduite par la politique de repli identitaire et religieuse ouvertement défendue par les islamistes du PJD.
Slate Afrique