Les Africains doivent se rendre à l’évidence : dans le sillage du Front national, le discours anti-immigrés progresse en France. Pour le quotidien burkinabé Le Pays, c’est la signification profonde des résultats du premier tour de l’élection française de dimanche.
En votant pour Marine Le Pen, près d’un quart des électeurs français ont du même coup adressé un message clair aux immigrés.
C’en est fini de la “douce France”, de la patrie des droits de l’homme qui aura, pendant longtemps, été une terre d’accueil pour tous ceux qui sont en quête de liberté et d’un minimum de fraternité. Certes, le bloc de gauche retrouve son meilleur niveau depuis 1988, avec 44 % des votes. On avance même que [le candidat socialiste] François Hollande pourrait l’emporter avec 54 % des voix. Mais c’est surtout la candidate frontiste qui a créé la surprise avec un score (17,90 %) qui a soulevé l’enthousiasme dans son camp. Cette poussée, qualifiée d’historique, est le meilleur résultat jamais réalisé par le Front national au premier tour d’une présidentielle. (…)
Vue d’Afrique, même si elle peut paraître illusoire, cette montée fulgurante de l’extrême droite doit inquiéter.
Car le prochain combat se tiendra à l’Assemblée où l’adoption d’éventuels projets de lois, émanant de cette droite raciste, pourrait bien nuire aux intérêts des Africains en particulier, des immigrants en général.
De nouveau, et avec encore plus d’acharnement, on pourrait bien entendre : ” Non aux immigrants !” Même si Sarkozy, qui a presque adopté cette chanson, en a payé le prix en mordant presque la poussière au premier tour ! En tout cas, le discours que tient la droite ainsi que ses pratiques quotidiennes tendent à le confirmer. Reste à savoir, après deux avertissements consécutifs de l’électorat, comment vont se comporter désormais les dirigeants des autres partis.
Auront-ils tendance à se conformer – ou non – aux opinions et directives contenues dans le discours de l’extrême droite ? Et ces dirigeants d’Afrique, comment se sentiront-ils dans leur “peau” de sujets de plus en plus marginalisés dans l’Hexagone ?
Travailleront-ils enfin à donner le bonheur à leurs ressortissants ?
Pour un grand nombre d’Africains, conscients de l’évolution de la situation, il est plus que probable que la sonnette d’alarme doit être tirée.
Courrier international