Le FN s’est imposé en tout juste trente ans comme une force majeure que ses concurrents politiques peinent à combattre. Membre du Haut conseil à l’intégration, Malika Sorel revient sur les ratés de la lutte “anti-FN”, de l’anti-racisme contre-productif à l’impossibilité d’aborder sereinement la question de l’immigration.
Atlantico : Marine Le Pen a obtenu 17,9 % des suffrages lors du premier tour de l’élection présidentielle. Libération titrait sa Une de mercredi avec une photo en noir et blanc de Nicolas Sarkozy et une citation censée être tirée de son discours de la veille : « Le Pen est compatible avec la République ». En quoi le FN garde-t-il une spécificité en termes de rapport à la République par rapport à d’autres partis français ?
Pourquoi ce parti serait-il moins démocratique ou moins républicain que d’autres partis d’extrême gauche opposés à la démocratie parlementaire tels le NPA ou la LCR, voire qu’Eva Joly qui ne se situe guère dans la tradition républicaine lorsqu’elle propose un jour férié pour Kippour et l’Aïd-el-Kebir ?
Depuis 30 ans, les associations qui luttent contre un prétendu racisme endémique des Français se sont appliquées à délivrer aux populations de l’immigration un message qui ne pouvait que les conduire à se dresser contre la société française.
En dressant des catégories de personnes les unes contre les autres, elles ont injecté, chemin faisant, haine et ressentiment des uns envers les autres. Comment espérer en effet créer un sentiment de fraternité en répétant inlassablement aux uns qu’ils sont victimes des autres, et que leurs échecs leur sont imputables ? (…)
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