Chronique de Caroline Fourest dans Le Monde intitulé «L’extrême droite décomplexée».
Le succès de Marine Le Pen est moins dans les chiffres que dans les têtes.
La droite de la droite pèse bien plus que la gauche de la gauche. C’est donc sous cet angle, celui du Front national, que seront auscultés à la loupe les maux de la France qui gronde.
Elle est en morceaux et visiblement moins guidée par le rejet du capitalisme que par le rejet de la mondialisation. La peur des délocalisations se mêlant à la peur de l’immigration. Comme si les portes ouvertes laissaient partir les machines et entrer les hommes, vécus comme une concurrence et une menace. Pour le travail comme pour la vie en société.
Le vote Front national est un vote communautaire. Celui d’une France qui se rêve en fortin, voudrait pouvoir se replier sur soi, entre soi, et ne plus entendre parler du fracas des autres, de toutes leurs averses et du mauvais temps. […] Une France d’en bas assoiffée de revanche envers la France d’en haut. Une France de vieux qui a peur des jeunes. Et une France de jeunes qui enrage parce qu’elle vivra moins bien que les vieux. […]
Le Monde