Plus de 10% de la population française est composée d’Arabes et de Noirs, Français par différents chemins historiques : la colonisation, les traites ou l’immigration postcoloniale. Une petite majorité d’entre eux vit dans des quartiers délabrés et souvent enclavés, des ghettos où l’échec scolaire le dispute à la précarité et à la petite délinquance.
Ces Français ne sont pas arrivés hier, et aucun d’eux n’a vocation à partir demain, malgré ce qu’espère le cinquième des électeurs qui a voté Marine Le Pen. Ceux qui votent FN malgré le puissant tabou imposé par l’antiracisme du siècle dernier ne sont cependant que la partie émergée de l’iceberg. Ils révèlent une faille identitaire profonde, qui divise les Français bien au-delà de l’électorat du parti d’extrême droite. C’est pourquoi il faut s’inquiéter, et réagir.
Depuis plus de trente ans, la majorité des Français semble en effet refuser l’évidence de l’évolution « raciale » de la population de la nation (le mot « race » est dans ce texte utilisé dans le sens de groupes qui sont des constructions sociales et auxquels on appartient ou non du seul fait de sa naissance et de son apparence physique. Il ne s’agit évidement pas ici de défendre l’idée que les races existeraient). […]
Rue89