Je n’ai aucune sympathie politique pour Marine Le Pen. Encore moins pour les thèses, souvent nauséabondes, que développe le Front National, parti d’extrême droite que l’homme de gauche que je suis, social-démocrate pour la précision, exècre par-dessus tout.
Mais comment toutefois ne pas répondre à Bernard-Henri Lévy dans la diatribe qu’il vient de lui adresser à travers un papier, publié le 19 avril dernier dans son « bloc-notes » de l’hebdomadaire « Le Point », où il disait mettre « les points sur les i » au sujet de la guerre en Libye ?
Car ce papier de BHL, bien qu’il y établisse très objectivement un certain nombre de vérités, y occulte cependant, via une argumentation où le négationnisme historique le dispute à la propagande médiatique, l’essentiel. Pis :
c’est sur trois points capitaux que cette analyse de BHL bute,
via un étrange travestissement de la réalité, avec un dogmatisme dont on ne sait s’il est motivé par la malhonnêteté intellectuelle, la manipulation idéologique ou l’aveuglement narcissique. (…)
Oui, Monsieur Bernard-Henri Lévy, regardez bien, si votre conscience d’homme le permet, cet insoutenable mais précieux document, qui horrifie jusqu’à certains des anciens opposants (les plus mûrs et sincères sur le plan de leur conscience politique et morale) de Kadhafi en personne : il suffit, à lui seul, à réfuter vos mensonges éhontés lorsque, plutôt que de reconnaître humblement vos erreurs de jugement en cette terrible affaire libyenne,
vous osez prétendre contre toute évidence, contre toute vérité comme contre toute réalité, qu’il n’y a pas – je cite encore les propos de votre propre tribune – de « mauvais traitements infligés par les vainqueurs aux vaincus »,
que « les geôles de Misrata ne sont ni le goulag ni, surtout, les mouroirs qu’elles étaient du temps du Guide » et que, mieux encore, mais d’autant plus consternant, dans la Libye de votre ami Mustafa Abdel Jalil,
« on respire un air de liberté dont on avait, depuis quarante-deux ans, oublié jusqu’au souvenir ». Indigne ! (…)