Pour Rokhaya Diallo, «militante associative», les score de Marine le Pen s’explique par le fait que les Français ont été «sensibilisés, acclimatés, aux idées du FN» par Nicolas Sarkozy et l’UMP.
Les scores du Front national, dont le discours est essentiellement structuré autour du refus de l’immigration, sont paradoxalement particulièrement élevés dans les territoires qui ne connaissent pas d’immigration. Cela ne témoigne-t-il pas d’une volonté de rejet, de repli et d’entre soi, définition même du communautarisme ?
Tandis que la droite sarkozyste y perçoit un « vote de crise », la gauche de Hollande plaint une «France paumée», les deux camps se montrant unis dans la volonté de déresponsabiliser les électeurs d’extrême droite, comme si ce résultat n’était que la manifestation passagère de la colère de citoyens en souffrance. […] On aime croire que les électeurs du Front national sont les Français les plus à plaindre, mais ce n’est pas parmi les chômeurs ni dans les villes que l’on retrouve le plus grand pourcentage de partisans de Le Pen. […]
Les supporters du Front national ne sont pas des incapables, perdus dans leur déshérences, ils sont des citoyens – en pleine possession de leurs moyens – qui ont fait un choix : celui d’une France xénophobe fermée sur-elle même. […]
Si la gauche revient au pouvoir, espérons qu’elle aura le courage de revenir sur ces mesures qui ont monté les Français les uns contre les autres, et surtout qu’elle se positionnera sans aucune ambiguïté contre l’escalade raciste, les expulsions massives qui déshonorent notre pays, l’interprétation fallacieuse d’une laïcité qui semble vouée à combattre les musulmans et la lutte active contre les discriminations, qui sont un poison quotidien pour des Français qui «souffrent» aussi.
Le Nouvel Obs