(…) Quel est votre regard aujourd’hui sur le Printemps arabe ? Vous en parlez dans votre livre-débat avec Benjamin Stora “Printemps 89”.
Notre livre s’adresse à nos compatriotes pour leur dire qu’il faut qu’ils n’aient pas peur, qu’ils sortent de leurs préjugés. (…)
Quel point commun entre le processus syrien où il y a plus de 10.000 martyrs et la nouvelle Constitution marocaine ? Tout cela est très différent. Mais le point commun c’est que les peuples partagent une même aspiration à des idéaux qui n’ont pas de patrie particulière, qui appartiennent à toute l’humanité,
qui sont des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, de démocratie, des idéaux de droits sociaux, c’est cela qui s’est mis en marche.
Contrairement à beaucoup de gens en France, voire dans le camp des progressistes traditionnels du monde arabe, je pense que ce qui est sorti des urnes en Tunisie, au Maroc ou en Egypte aujourd’hui n’est pas une nouvelle terrifiante. En effet, nous ne devons pas oublier la nature des dictatures qui ont été renversées. Ce sont des dictatures qui se réclamaient pour beaucoup d’un laïcisme autoritaire, qui ont souvent opprimé la religion principale et les religieux et qui se sont posées en situation de domination sur la société elle-même, pas seulement sur les forces politiques.
Nous devons avoir la lucidité de cela. Moncef Marzouki, en tant que laïc et homme de gauche, a eu raison de poser ce diagnostic.
Il a été mal compris en France car il oblige les Français à sortir de leurs préjugés à propos du mot «islamisme» qui ne veut rien dire. (…)