Le travail représente la transformation arraisonnante de l’homme sur son milieu, conçue comme coopération conflictuelle, manifestation de la volonté de puissance et activité privilégiée où l’humain se manifeste comme tel, c’est-à-dire comme créateur de formes, initiateur de culture.
Dans la conception biblique du travail, ce dernier est dévalorisé comme punition du péché originel. Dans le christianisme, le travail n’est qu’une ascèse, un instrument de salut. S’il est aimé en tant que tel, comme volonté de puissance, il devient péché d’orgueil, défi à Dieu.
Poursuivant cette instrumentalisation du travail, le puritanisme puis la société marchande le réduisent à un moyen d’acquisition de richesse et de bien-être. C’est en dépit de ces idéologies, et en contradiction avec elles, que la culture européenne a développé une telle force de travail, transformatrice du monde, qu’elle lui a permis de maîtriser et de transformer le milieu terrestre — et, demain, le milieu cosmique.
Notre vision du travail : il prend une valeur pour lui-même, comme lien communautaire du peuple et comme matérialisation de projets historiques d’action sur le monde. l’essence du travail n’est donc pas “économique” et l’ouvrier ne constitue pas sa seule figure. Le Travailleur qui s’oppose radicalement au Bourgeois comme figure historiale, symbolise un type d’homme créateur, dont la personnalité se constitue par la participation au travail — en tant que volonté de puissance collective — qui donne ainsi un sens à son existence.
Dans la société contemporaine, taraudée par le modèle du loisir et du non-travail, le travail est moralement dévalorisé du fait de son organisation individualiste et marchande, et de la platitude de ses finalités (bien-être et profit). Il s’agit donc pour nous de redonner au travail son véritable sens, en insistant sur le fait que, par son travail le Travailleur se transforme, se façonne, se construit lui-même.
Texte et illustration tirés du livre « Les traditions d’Europe » d’Alain de Benoist
MBM
(Merci à Pierre Aucaret)