Tribune de Lilian Thuram, ancien footballeur, dans Le Monde.
Le 6 mai, le choix se fera aussi entre la poursuite de ces dérives – la xénophobie, l’islamophobie, la haine des immigrés – et l’apaisement. Pour ma part, je voterai toujours en faveur de l’apaisement.
Que s’est-il passé depuis cette belle nuit du 12 juillet 1998 où tant de Français ont fêté la victoire d’une France «black, blanc, beur» ? Nous savions bien, tous, combien cette expression masquait déjà de difficultés, d’incompréhensions. Pourtant, nous étions tous heureux de rêver ensemble à une France idéale. […]
Ce que je constate maintenant est bien le point culminant d’une lente dérive. Avant même le déluge d’amalgames au cours de cette campagne, et dans une sorte de conditionnement progressif, se sont succédé la création du ministère de l’immigration et de l’identité nationale, le discours de Dakar dévalorisant l’homme africain, celui de Grenoble stigmatisant les Roms, le prétendu débat sur l’identité nationale, et tant d’autres entorses aux valeurs républicaines. […]
Le Monde