Addendum 4 mai 2012 :
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné vendredi à quatre ans de prison dont un avec sursis un physicien nucléaire franco-algérien soupçonné d’avoir préparé en 2009 un attentat en France lors de conversations sur internet avec un islamiste basé en Algérie […]
Il se dit victime d’un délit d’opinion et devrait donc faire appel.
Reuters via Capital.fr
Addendum
6 ans requis contre Hicheur
Le parquet a requis aujourd’hui six ans de prison ferme à l’encontre du physicien franco-algérien Adlène Hicheur, soupçonné d’avoir envisagé des attentats en France et en détention provisoire depuis deux ans et demi. Le cœur de l’accusation repose sur des messages électroniques échangés entre le jeune chercheur détaché au Centre européen nucléaire (Cern) de Genève et un responsable supposé d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Mustapha Debchi. Dans l’un d’eux, Hicheur évoquait une cible militaire près d’Annecy. […]
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Adlène Hicheur, un chercheur franco-algérien de 36 ans, encourt 10 ans de prison pour avoir accepté par e-mail de préparer des attentats terroristes en France.
Une semaine après la mort de Mohamed Merah, le procès d’Adlène Hicheur, un physicien franco-algérien qui travaillait au Cern à Genève, s’ouvre dans un contexte plus que sensible. Le chercheur (36 ans) comparaît les 29 et 30 mars devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir envisagé des attentats terroristes contre la France lors des contacts réguliers avec un membre d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
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Adlène Hicheur a été arrêté au domicile de ses parents à Vienne (Isère) en octobre 2009. La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) qui le surveillait depuis dix-huit mois avait estimé qu’il était temps de l’arrêter afin d’éviter qu’il ne passe à l’acte, car il avait discuté de possibles cibles d’attentats terroristes en France avec Mustapha Debchi, un Algérien membre du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (mouvement qui créa Aqmi en 2007).
Le cœur de l’accusation est un échange de 35 e-mails en 2009 entre les deux hommes, sous des pseudonymes: Abou Doujana pour Hicheur et Phenixshadow pour Debchi. Adlène Hicheur était alors immobilisé chez lui pendant plusieurs mois à cause d’une hernie discale. Il a à cette époque consulté de nombreux sites et forums islamistes et djihadistes.
Lors de l’échange d’e-mails, la confiance s’établit entre les deux hommes, et Mustapha Debchi finit par demander directement à Hicheur: «Cher frère, on ne va pas tourner autour du pot: est-ce que tu es disposé à travailler dans une unité activant en France?» La réponse d’Hicheur est positive, mais manque de clarté. Par la suite, il évoque des pistes d’action comme «cibler les industries vitales de l’ennemi», dont des entreprises comme «Total, British Petroleum, Suez, Vivendi, Elf…», des «objectifs militaires et politiques pour punir les gouvernements européens» ou encore «exécuter des assassinats ciblés».
«Je ne nie pas que les propos tenus par Adlène Hicheur sont contestables et indéfendables, mais il n’a eu le moindre début d’intention d’acte concret pour l’aide ou la préparation d’un acte terroriste», assure Me Patrick Baudoin.
C’est également le fond de la défense du comité de soutien animé par le physicien Jean-Pierre Lees, directeur adjoint du laboratoire d’Annecy-le-Vieux de physique des particules, où Hicheur avait préparé sa thèse de physique. Pas moins de 600 scientifiques ont d’ailleurs apporté leur soutien à leur collègue accusé de terrorisme, dont le Prix Nobel de physique Jack Steinberger.
Son avocat estime que cette affaire est «emblématique des dérives de la lutte antiterroriste», avec le placement en détention provisoire, pendant deux ans et demi, d’un homme qui a simplement échangé des courriels. Le physicien se défend d’avoir eu sur Internet un comportement «virtuel», caché derrière un pseudonyme, qu’il n’aurait jamais eu dans le monde réel.
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Le Figaro