Un ancien trader, Boris Picano-Nacci, devrait comparaître d’ici la fin de l’année devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour “abus de confiance “. La Caisse d’Epargne lui reproche la perte de 751 millions d’euros subie en octobre 2008, en pleine tourmente boursière.
Ce n’est pas Jérôme Kerveil avec 4,9 milliards d’euros perdus pour la Société générale. Mais Boris Picano-Nacci, ex-trader pour la Caisse d’Epargne, va lui aussi passer en procès. L’écureuil le rend responsable de la perte de 751 millions d’euros, en octobre 2008. Selon des sources judiciaires, son procès pour “abus de confiance” se tiendra les 3, 4 et 5 décembre 2012, devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris.
Minimisation des risques, selon la banque
Plus exactement, l’ancien trader est soupçonné d’avoir outrepassé son mandat en prenant des positions hors normes sur les marchés entre le 15 septembre et la mi-octobre 2008, qui ont conduit à une perte de 751 millions d’euros pour la banque. Boris Picano-Nacci était chargé en 2008 de la gestion pour compte propre (des fonds appartenant à la banque) sur le marché des dérivés actions de la Caisse d’Epargne, qui a ensuite fusionné avec la Banque populaire.
Avec deux autres collègues, il était alors censé liquider progressivement son portefeuille d’ici la fin de l’année, car le directoire de la banque avait décidé de cesser ses activités d’investissement au 31 décembre. Début octobre 2008, alors que les pertes dépassaient les 100 millions d’euros, le trader assure avoir informé sa hiérarchie mais il aurait, selon la banque, tenté de minimiser les risques par des déclarations “rassurantes” et “mensongères “.
Plainte contre X et démission de Charles Milhaud
La banque n’avait finalement soldé les positions du trader qu’entre le 14 et le 17 octobre, enregistrant une perte finale de 751 millions. Après l’annonce de cette perte, la Caisse nationale des Caisses d’épargne et de prévoyance (CNCE) avait déposé plainte contre X, arguant “d’éléments troublants pouvant revêtir à l’évidence une qualification pénale “. Un audit interne avait assuré que le trader s’était “engagé de sa propre initiative et pour des montants importants (..) dans une stratégie risquée “. Le trader avait fait valoir en garde à vue qu’il avait été laissé libre d’agir sur les marchés jusqu’au 31 décembre alors que la banque soutenait avoir demandé à ses traders de réduire leur exposition au fur et à mesure jusqu’à cette date.
Cette perte, survenue lors de turbulences boursières, avait contraint le président de la Caisse d’Epargne Charles Milhaud et le directeur général Nicolas Mérindol à démissionner, sous la pression du gouvernement et du président de la République. La Commission bancaire avait condamné la Caisse d’Epargne à une amende de 20 millions d’euros en juillet 2009 pour avoir enfreint la réglementation sur le contrôle interne, mais cette amende avait été annulée par le Conseil d’Etat en novembre 2010.