Le candidat PS a visé l’électorat évoqué dans une fameuse note du think-tank Terra Nova. Le candidat UMP a suivi la stratégie élaborée par son conseiller Patrick Buisson. Tous deux ont placé la question identitaire au coeur de leur campagne. A juste titre tant cette thématique trouve un écho profond au sein de la France d’aujourd’hui. (…)
Dans ce contexte, les deux candidats, qui ne proposent aucune véritable alternative économique et sociale à une France populaire fragilisée n’avaient d’autre solution que de cliver sur des thématiques d’ordre « socio-culturelles ». Or, s’il est évident que le camp sarkozyste est allé dans cette direction, on ne voit pas qu’en réalité la gauche a aussi fait ce choix, plus discrètement. On ne voit pas à ce titre à quel point la stratégie « Buisson » fait écho, et a contrario, à celle du think-tank Terra-Nova. Dans les deux cas, il s’agit d’opter pour le « socio-culturel ».
François Hollande fait le plein en banlieue, dans les dom-toms, dans les grandes villes, chez les catégories diplômées, etc. Inversement, Sarkozy réalise ses meilleurs résultats dans les espaces ruraux.
Surtout, il apparaît que cette dimension est désormais intégrée au discours politique. Si la droite a « cogné » très fort (je pense notamment aux sorties de Claude Guéant..), la gauche a aussi participé à cette ethnicisation du discours en fascisant Sarkozy. Les attaques d’Axel Kahn qui a déclaré dans l’entre-deux tours que la mobilisation autour de Nicolas Sarkozy au Trocadero c’était Nuremberg ou de Mélenchon qui traite Sarkozy de « petit blanc raciste » en sont une illustration. Si la droite a ciblé l’immigration musulmane, la gauche a fascisé Sarkozy et indirectement son électorat en sous entendant qu’il était xénophobe, blanc, etc.
Aujourd’hui, il existe une immense fracture sociale entre les classes populaires et dominantes, qu’elles soient de droite ou de gauche. Mais il se double d’une fracture culturelle à partir d’une nouvelle géographie sociale. La France périphérique rurale industrielle et périurbaine, celle des petites et moyennes villes, adhère plus volontiers aux thèses « lepeno-sarkozystes » tandis que la France des grandes agglomérations constitue désormais des bastions de la gauche. Un clivage qui tend à se renforcer à chaque élection. (…)
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