Un an après le mouvement du 15M, lancé par les indignés espagnols, c’est au tour des mouvements sociaux allemands d’appeler à l’occupation du quartier des banques et de la Banque centrale européenne (BCE), qui a son siège à Francfort, du 17 au 19 mai (lire l’appel).
Objectif : s’opposer à l’austérité et à la ratification du « Pacte budgétaire » voulu par Angela Merkel, qui impose une règle d’équilibre permanent des finances publiques, avec un déficit « structurel » qui ne pourra plus jamais dépasser 0,5 % du PIB, interdisant tout investissement et politique de relance.
Les autorités allemandes et les financiers de Francfort ont-ils pris peur devant la mobilisation ? Arguant de possibles « violences », le chef de la police de Francfort a interdit toute manifestation. Les autorités locales – la ville est depuis peu gouvernée par les sociaux-démocrates du SPD – redoutent en particulier l’action de blocage de la BCE et du quartier des banques prévue le 18 mai.
Pour les organisateurs, « cette interdiction est une violation manifeste du droit constitutionnel à manifester » (voir la pétition).
« Les manifestations prévues, qui ont toujours été affichées comme pacifiques et de désobéissance civile, sont maintenues », assure de son côté l’organisation altermondialiste Attac France. Plusieurs départs collectifs sont prévus en bus depuis Paris, Strasbourg, Nancy et Lille (à lire ici). Cette mobilisation est le premier rendez-vous après la présidentielle contre les plans de rigueur et la BCE.
Si le Pacte budgétaire est voté en l’état, les sanctions contre les pays ne le respectant pas seront désormais quasi automatiques, coupant court à tout débat démocratique. La Commission et tout État qui le souhaitera pourront traîner un autre État devant la Cour européenne de justice pour le contraindre à réduire plus vite ses déficits. La troïka – Commission européenne, BCE, Fonds Monétaire International – pourra imposer ses « conditionnalités » à tout pays en difficulté et, comme en Grèce, au Portugal et en Espagne, réduire les salaires, institutionnaliser la précarité et abolir la négociation collective. Désormais même les manifestations deviennent illégales…