Fdesouche

Au lendemain des élections en France et en Grèce, le temps semble orageux. Au programme : une réunion de la Banque Centrale Européenne (BCE) et la “menace Moody’s” qui pourrait déclasser 114 banques européennes. Le point de vue de l’économiste Nicolas Bouzou.

La crise semble être entrée dans une nouvelle phase : des injections massives de liquidités ont permis à des pays comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal de bénéficier d’une période de répit. Toutefois, seule la capacité des dirigeants européens à promouvoir la croissance et à imposer des réformes durables permettra de savoir si la zone euro  – telle que nous la connaissons – va survivre ou mourir.

1 – Dégradations des notes souveraines

L’agence d’évaluation financière Standard and Poor’s (S&P) a une nouvelle fois abaissé la note de l’Espagne, s’inquiétant de la récession qui complique ses objectifs budgétaires. Elle a été abaissée de deux crans, passant de de “A” à “BBB+”. Pire :  la perspective associée à cette nouvelle note est “négative“, ce qui signifie que l’agence envisage la possibilité d’un nouvel abaissement.

Des analystes de Citi prédisent que l’Italie, le Portugal et l’Irlande pourraient aussi voir leur note dégradée dans l’année. Ils pensent même que des pays comme les Etats-Unis ou le Japon subiront une dégradation encore plus abruptes dans les deux ou trois prochaines années.

2 – Le déclassement des banques européennes

Le sort de 114 banques européennes sera scellé début mai par l’agence de notation Moody’s. Certaines sont menacées de dégradation en raison de l’instabilité financière dans la zone euro. Premières dans la collimateur : les banques italiennes. Viennent ensuite les banques espagnoles – 21 d’entre elles font partie de cette série d’entreprises examinées – puis autrichiennes, suédoise, norvégiennes, allemandes (notamment Deutsche Bank et Commerzbank), danoises et françaises (parmi elles BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, Natixis).

Nicolas Bouzou : Il faut bien voir que la politique monétaire menée par la BCE ces derniers mois (ce que l’on a appelé le LTRO) a permis d’éviter un credit crunch, mais a également fragilisé les bilans bancaires. En effet, les banques ont emprunté après de la BCE pour replacer en obligations d’Etat. Bien sûr, cela a détendu les taux obligataires, mais cela a aussi renforcé le poids des obligations espagnoles, italiennes et portugaises dans les bilans bancaires. Comme souvent en politique économique, on a déplacé et repoussé les problèmes, sans les régler.

5 – Le secteur bancaire espagnol sous pression

Le taux de prêts non performants des banques espagnoles a atteint 8,16% en février dernier : son plus haut niveau depuis 1994. Et les mesures d’austérité mises en place par le gouvernement en vue de contenir son déficit devraient faire empirer ce chiffre, dans la mesure où de moins en moins de foyers et d’entreprises peuvent rembourser leurs prêts. De plus en plus d’économistes s’accordent à dire que les banques espagnoles devront avoir recours à un plan de sauvetage dans un futur proche pour garder la tête hors de l’eau.

Pire : l’Espagne est devenue dépendante de ses banques pour payer la facture de leurs émissions de dette, ce qui signifie que le gouvernement est lui aussi sous le feu des marchés.

Nicolas Bouzou : Ce qui veut dire que l’Espagne aurait besoin de transferts financiers massifs venant d’un budget européen. En d’autres termes, les pays de la zone euro en difficulté devraient être mis sous tutelle comme une collectivité locale peut l’être dans un pays. La zone euro n’est donc viable que si ceux qui veulent en faire partie font le choix d’une Europe Fédérale ou, pour être plus précis, d’une « souveraineté partagée ».

Atlantico

Fdesouche sur les réseaux sociaux