En attendant l’arrivée d’un nouveau ministre de l’Intérieur place Beauvau, la grogne monte dans la «grande maison» après la mise en examen, le 25 avril dernier, d’un agent pour «homicide volontaire», après qu’il eut tué par balle un malfaiteur armé et en fuite à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Certains croient déceler derrière cette agitation la main de la FPIP, une organisation syndicale de police réputée proche du Front national qui a obtenu moins de 4 % aux élections professionnelles.
Cette affaire est devenue le catalyseur d’un mouvement de colère qui dépasse de loin le simple fait divers et son exploitation par les candidats à la présidentielle durant la campagne. C’est un malaise général qui s’exprime aujourd’hui sur les conditions d’exercice d’un métier de plus en plus exposé et sur le sentiment, largement partagé dans l’institution, que la justice ou, du moins, «une certaine justice ne joue pas le jeu avec la police et lâche les fonctionnaires à la première difficulté», explique Patrice Ribeiro, le secrétaire général du syndicat Synergie-Officiers.
Aujourd’hui, c’est le syndicat Alliance, proche de l’ancienne majorité, qui a lancé un mot d’ordre pour des rassemblements à Paris, place Saint-Michel, mais aussi partout en France.[…]
En tout état de cause, le prochain ministre de l’Intérieur, qu’il s’agisse de Manuel Valls, de François Rebsamen ou d’un autre cacique du PS, ne manquera de prendre appui sur cette fronde pour légitimer sa nouvelle politique. François Hollande, pour sa part, s’est déjà engagé par écrit auprès des syndicats durant la campagne présidentielle sur un gel de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) qui a conduit à trancher dans les effectifs. Il a promis de restaurer la «police de quartier». Reste à savoir laquelle.
Le Figaro