Pour Gaël Brustier, chercheur en sciences humaines et coauteur de Voyage au bout de la droite (Mille et une nuits, 2011), le rapprochement, au moins local, entre l’UMP et le FN est inéluctable.
Les «digues» s’affaisseront vraisemblablement en juin mais devraient surtout s’effondrer au cours des élections locales de 2014 et 2015. Si plus rien ne peut empêcher la droite de suivre son destin, la seule question désormais est celle de la prise de conscience de la gauche française.
A droite, plus rien ne sera comme avant. L’évolution des courants est d’ampleur. Elle est idéologique, s’inscrit dans la géographie sociale du pays, prend sa source dans l’évolution économique de l’Europe et dans les représentations collectives qui en émanent. Elle est donc corrélée à l’établissement, en France, d’un nouvel imaginaire, lié à la mondialisation financière et à la crise déclenchée en 2008.
Constatons que la défaite de Nicolas Sarkozy n’est pas une défaite totale. Avec 48,4 % des voix, la défaite du président sortant est d’abord celle d’un homme qui n’a pas su incarner la fonction présidentielle aux yeux de ses concitoyens. […] Il faut néanmoins observer que cette stratégie a renforcé l’unité culturelle des droites. […]
Les paniques morales (réactions disproportionnées le plus souvent en rapport avec l’immigration d’origine arabo-islamique) ont été savamment exploitées par l’ancien président et la droite. Elles ont servi d’accélérateur à une reconquête d’un électorat périurbain et rural, davantage demandeur encore d’une unité nationale, traduite – par défaut – en termes identitaires. […]
Le Monde