En France, le mot «républicain» est employé ces derniers temps à toutes les sauces… Nos voisins qui vivent dans des monarchies constitutionnelles sont-ils moins démocrates se demande Guillaume Grallet dans Le Point.
Tout est «républicain». Le comportement, les passations des pouvoirs, les dépôts de gerbes sur la tombe du Soldat inconnu. Le fait de dire bonjour, de se serrer la main, de demander des nouvelles des enfants, de se sourire, de ne pas s’insulter d’emblée. […]
Un huron débarquant à l’improviste dans l’Hexagone pourrait conclure de cette débauche sémantique que la République est menacée. Qu’un complot monarchiste risque de renverser nos chères institutions. Qu’une conspiration bonapartiste ourdie en Corse ou sur l’île d’Elbe est sur le point de triompher. Qu’un coup d’État du 2 décembre nous guette en plein mois de mai. Qu’un putsch fomenté dans de lointaines garnisons ultramarines risque d’instaurer une dictature militaire. Évidemment, il n’en est rien. Même nos extrêmes – de droite à gauche – se sont coulés depuis belle lurette dans le moule de la République. […]
Ajoutons qu’au sein de l’Union européenne existent six monarchies constitutionnelles (Suède, Danemark, Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni, Espagne), auxquelles il faut ajouter le grand duché du Luxembourg et, hors UE, la Norvège. Ces pays n’ont pas connu les joies de la Terreur, des colonnes infernales et de l’astucieuse machine du docteur Guillotin – imprégné, paraît-il, de l’esprit des Lumières – tranchant les têtes couronnées. Sont-ils pour autant moins démocratiques ? Les libertés publiques sont-elles en péril à Londres, à Copenhague, à La Haye ? Comment les hommes politiques de ces malheureuses contrées, privés de l’usage du qualificatif sacré “républicain”, font-ils ? La France, de surcroît, n’est pas née en 1789. À ceux qui en douteraient nous conseillons une petite visite à Versailles…
Le Point